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Libération
Tu mitonnes !

L’effet bœuf du bourguignon

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Tous les jeudis, passage en cuisine et réveil des papilles. Aujourd’hui, ville morte et viande au vin.
(Photo Olivia Fremineau)
publié le 26 février 2014 à 19h26

C’est une grande salle à manger carrelée de blanc où la radio hurle un tube de Goldman. Il y a des banquettes couleur caramel sur lesquelles courent des guirlandes électriques vertes. Bienvenue dans le restaurant du lundi soir, haut lieu des loups solitaires. On n’y vient pas tant pour la gamelle que pour filer en chœur l’ennui. Car à l’exception des métropoles sous statut PLM (loi régissant l’organisation de Paris, Lyon et Marseille), on se fait souvent sacrément iech quand il s’agit de béqueter le lundi soir. Alors, je vous dis pas comme c’est Zoneland quand vous débarquez par le dernier dur et que vous remontez l’avenue de la gare des crocs de faim au creux du ventre. Y a la bise qui miaule autour du rond-point, vous comptez les platanes et les volets clos. On se console en se disant que si on créchait ici bas, on pourrait peut-être gagner le quad promis par le méga-loto du comité des fêtes.

Un fumet gras nous entreprend là où l'on repère deux Mohicans en train de se piquouser à la sauce samouraï devant un döner calciné. Sûr que c'est un soir à se suicider au kebab en lisant Schopenhauer. Mais faut pas croire Nietzsche quand on lui fait dire à toutes les sauces «ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort». D'abord parce que l'adage, c'est comme le haricot vert : trop réchauffé, ça peut nuire à la santé. Et puis, surtout, on peut vraiment se retrouver cabossé pour le restant de la semaine quand on s'est intoxiqué au blues du lundi soir et de la merguez pas cuite.

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