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Gastrothèque

Jody Williams, l’affranchie des Frenchies

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L’Américaine décline à Paris les recettes qui ont fait le succès de sa Buvette new-yorkaise : de bons (et) petits plats français revisités à la sauce yankee.
A la Buvette parisienne, même carte, même décor et même ambiance que chez sa grande soeur de Greenwich Village. Seuls les fournisseurs changent, et Jody Williams, 51 ans, met un point d'honneur à travailler avec les meilleurs. (Photo Bruno Charoy. )
publié le 28 février 2014 à 17h06

Si, à Paris, la cuisine française n’a jamais été aussi savoureuse, les immigrés ne sont pas étrangers au phénomène. Pour s’en convaincre, il suffit de tester les délicatesses aux accents d’Italie de Giovanni Passerini chez Rino, les classiques de Bocuse revisités par l’Américain Daniel Rose chez Spring, le raffinement nippon de Katsuaki Okiyama chez Abri. Débordants d’amour pour la gastronomie française, ces chefs venus d’ailleurs la traitent comme une reine, avec les égards dus à son rang : des menus uniques en cinq étapes ou plus (pour rendre compte de sa diversité) servis à une poignée d’élus qui ont réservé des semaines à l’avance. Surtout, ils prennent soin de réveiller doucement leur belle au bois dormant : les familiarités et les libertés qu’ils s’accordent avec elle sont mûrement méditées - et d’autant plus justifiées.

Et puis, à l'automne, a débarqué Jody Williams, 51 ans, qui est du genre à bousculer un peu la souveraine. L'Américaine a installé une déclinaison parisienne de Buvette, sa «gastrothèque» ouverte à New York en 2010. C'est-à-dire de la cuisine française à la bonne franquette, avec une liberté et une décontraction assez typiques de l'Amérique. Pas de réservation, on peut venir à toute heure pour (petit)déjeuner, goûter, boire un verre ou un café, dîner - bâfrer. Le décor est simple : murs en briques, tables en bois et un vaste bar où s'entassent piles d'assiettes et serviettes en tissu. Derrière le comptoir, des garçons s'affairent, plongent une louche da