Qu'est-ce qu'un Américain peut nous apprendre sur une alimentation saine ? Plus qu'il n'y paraît. Après tout, les Etats-Unis ont toujours eu une longueur d'avance : premiers à industrialiser l'alimentation, premiers à être touchés par le désastre de la santé publique qui en découle… Et premiers à chercher des solutions ? C'est probable. En tout cas, Michael Pollan, 59 ans, auteur scientifique, journaliste au New York Times et professeur de journalisme à l'université de Berkeley, écrit depuis une dizaine d'années de brillants ouvrages sur le sujet. Son cheval de bataille: l'industrie agroalimentaire, qui nous fait avaler tout et n'importe quoi, mais surtout des céréales (sous forme de sirop dans le soda, ou d'huile dans les chicken nuggets).
Selon Pollan, en plus de rendre gros et malade, la nourriture industrielle dérègle le bon sens de l'omnivore : elle lui apprend à penser en termes de «nutriments» (oméga 3, lipides) et non plus d'aliments. Au point de ne plus savoir ni quoi, ni comment, ni quand manger. Dans son dernier livre traduit en français, le Manifeste pour réhabiliter les vrais aliments, Michael Pollan remet les pendules à l'heure. Et explique pourquoi il n'est pas forcément judicieux de remplacer le beurre par de la margarine, ni nécessaire de se gaver de grenades pour aller mieux.
D’où vient votre intérêt pour l’alimentation ?
A l’origine, je m’intéressais à la nature : j’étudiais les plantes, je cultivais un petit potager. Je n’étais pas un fin gourmet, mais j’ai compris que je devais faire