Article réalisé dans le cadre du «Libé des écrivains».
Certains n’en ont que pour la choucroute alsacienne, d’autres le cassoulet de Castelnaudary ou le pot-au-feu façon Bocuse. La moambe de Yangambi est mon horizon…
Moteur. Deux hommes, bras de chemise, cravate zazou, lunettes cerclées, tempes légèrement crantées, déambulent, côte à côte, le long d’une enfilade de tréteaux, s’arrêtant ici, là, au gré d’une collection de feuillages dans des corbeilles de paille. La super 8 de ma mère ronronne. Pas la moindre bande-son pour saisir les explications que mon père dispense à son voisin, le buste penché. Cut…
D'autres images surgissent, en couleurs celles-ci. Gros plan technicolor. Bouquets fleuris, table parée, goûteuse : dômes de riz blanc sur plat d'argent ceint du jaune vif d'une corolle d'œufs durs tranchés, le vert épinard du sombe, l'ocre rouge des pilons de poulet nappés de pulpe de fruits de palme, puis un long plat de bananes sautées. Un tableau d'Arcimboldo ! Les gourmands sont encore invisibles, mais la scène suggère un aimable brouhaha, signe du plaisir admirable d'être ensemble.
Puissant parfum. La moambe, ma madeleine… Je me remémore une longue maison de briques claires, elle flotte sur un tapis de paspalum ras incendié par les flammes des hibiscus, des affalements de bougainvillées, de roses ; à l'arrière, la basse-cour et les pigeonniers sont ouverts le jour pour que les volailles vaquent. A l'extrémité de la propriété se