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Libération
Tu mitonnes !

Do, ré, mi, fa, sol, la, gigot

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Tous les jeudis, passage en cuisine. Aujourd’hui, leçon de piano et agneau.
(Photo Emmanuel Pierrot)
publié le 16 avril 2014 à 20h16

Méfiez-vous du gigot d’agneau, c’est le genre de morceau qui peut vous rendre chèvre. Tiens, l’autre matin qu’on était dans une gare de Paris, une envie de grand crème nous prit comme un devoir de miction devant le panneau des départs. Faut dire qu’on a toujours aimé ça, se poser avec une auge de café au cul des trains en les regardant prendre le large. C’est comme ça qu’on est devenu incollable sur le Paris - Culmont-Chalindrey en gare de l’Est, le Paris-Granville via Montparnasse ou le Paris-Cherbourg qui fait le plein à Saint-Lazare. N’en déplaise aux capteurs d’Airparif, quand les grosses locos diesel crachaient leurs fumées noires au-dessus de Château-Landon en bourdonnant comme des hannetons, ça nous démangeait les quilles à l’idée d’attraper le prochain dur en partance pour le barycentre de nulle part.

Foucade. Maintenant, qu'il y a moins de mazout brûlé au-dessus du ballast, on a changé d'air, surtout depuis qu'ils ont eu la belle idée de nous installer des pianos sur les quais. Ça nous hypnotise, ces mélodies qui badaudent entre deux allers-retours. Ou plutôt, ce sont ces vies qui se posent, le temps d'une correspondance, devant le clavier pour jouer quelques notes de musique, qui nous intriguent. Qu'est-ce qui peut décider un gonze à jeter sa valise pour se mettre au piano et, parfois, pousser la chansonnette parmi des nuées de pékins qui ruminent leur turbin. C'est pas The Voice, la gare du Nord, hein ? Et pourtant, il y en a du people pour faire tour