A Paris, le lien social n’a guère besoin d’être stimulé : les bistrots poussent comme des champignons. A l’exception, peut-être, du XIIIe arrondissement, autour du no man’s land de la place Nationale. Entre les immeubles d’habitation massifs et la caisse d’allocations familiales se dresse à ras du sol une petite enclave rouge en forme d’église byzantine : le bistrot Trassoudaine. Aussi décalé dans le paysage que le village d’Astérix sur la carte de la Gaule.
«Apéritif ?»
L’intérieur est tout aussi étonnant. Une grande verrière illumine la salle, des plantes vertes et des perruches rouges dissimulent la tristesse du dehors. Quant à la partie restaurant, elle est chic (les nappes blanches) et décoiffante (Highway to Hell de AC/DC à fond). «Qu’est-ce que je te sers mon ami ? Un apéritif ? On te l’offre.» On ne l’a encore jamais vu, mais on devine qu’il s’agit de Haïgo Trassoudaine, cogérant du lieu avec son frère Arakel, chef en cuisine.
Quand il parle de son bistrot, Haïgo est survolté. Il n'a pas fini sa phrase qu'il est déjà passé à la suivante. Pas le temps de goûter à la Brooklyn Lager (une super bière ambrée servie à la pression) qu'il demande : «Tu fais quoi, samedi soir ? On organise une soirée, la "Free People". De la musique des années 70 ou 80 à fond, James Brown, du ska, jusqu'à 7 heures du mat. Ça va être dément !»
Les frères Trassoudaine ont repris l'affaire de leurs parents, un Corrézien et une Arménienne qui s'étaient installés là en&n