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Abeilles

L’âme slave monte au miel

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A la cime des forêts, la Bachkirie abrite un nectar sauvage. Dégustation en rayons du baume au cœur des Russes.
Le miel se déguste en rayons, trop délicats pour être passés à la centrifugeuse. (Photo Emmanuel Guillemain d'Echon)
publié le 1er août 2014 à 18h07

Ceux qui croient à l’âme russe l’imaginent souvent se refléter dans une goutte de vodka. Perdu : c’est dans une goutte de miel qu’elle scintille, douce et enivrante. Cachée dans son rayon de cire, elle boude les regards indiscrets des étrangers, tout en n’aspirant qu’à les séduire.

Quand on ne connaissait pas encore les joies du mazout, c'est le miel qui servait de fuel au commerce extérieur russe, avec le bois, les fourrures et les esclaves. Aujourd'hui encore, il reste le fidèle compagnon du thé, la boisson la plus consommée en Russie (et si !). On le sert copieusement, en rayons, avec du pain, des œufs, du saucisson et de la crème fraîche si épaisse «que les petites cuillères y tiennent droites». «Miod na sertzé», littéralement du miel au cœur, c'est le «baume au cœur» qui a toujours consolé les Russes de leur vague à l'âme. Et si l'on en trouve des steppes du Kouban aux sommets de l'Altaï ou du Caucase, le cœur de ce cœur, son dernier bastion traditionnel, niche dans les vastes forêts de l'Oural.

Alkham Issianamanov a hérité d'une trentaine d'arbres à miel, dispersés dans la réserve naturelle de Choulgan-Tach, au sud de la Bachkirie. Photo Emmanuel Guillemain D'Echon.

Fierté. Là, au pays des Bachkirs - cousins des Tatars et lointains descendants des tribus d'Asie centrale qui imposèrent jadis leur joug aux Slaves en débandade - vivent les derniers chasseurs de miel sauvage, les borteviki. De fiers cav