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Libération
Pâte

Hauts plateaux de fromage

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Dans les alpages du canton de Fribourg, au pied du mont Moléson, on fabrique encore artisanalement le plus ancien des gruyères : le vrai, le suisse, celui qui n’a pas de trous.
Pour produire son gruyère, Jean-Louis Roch utilise les mêmes techniques qu'au XIIe siècle. (F. Coffrini/AFP)
publié le 15 août 2014 à 18h07

Il faut bien l’avouer, cet article n’aurait peut-être jamais existé sans le fort sentiment de culpabilité qui l’a inspiré. Celui d’avoir longtemps vécu dans une ignorance crasse, un béotisme rustre. Nous voilà donc la tête sur le billot pour confesser l’inavouable : avoir, à longueur de gueuletons, casse-croûte, en-cas, sans vergogne ni scrupules, appelé «gruyère» tous les fromages à pâte pressée cuite de la Création, les rabaissant par notre inculture au rayon de vulgaires croûtes à râper, et cela au mépris de toutes les AOP (appellation d’origine protégée), IGP (indication géographie protégée) et autres labels de terroirs. C’est en revenant à l’objet du délit que l’on a trouvé le chemin de la rédemption : gruyère n’est pas qu’un nom. Il s’agit d’abord d’une région du canton de Fribourg, en Suisse ; une bonbonnière médiévale nichée au pied du mont Moléson (2 002 mètres), un des sommets de ces Préalpes qui ourlent les pâtures où l’on fabrique le gruyère suisse, appellation d’origine protégée.

Bouilles. Nous voilà donc en route pour le pays de la fondue moitié-moitié (gruyère AOP-vacherin fribourgeois) avec la foi du charbonnier. Sauf que, peu avant d'arriver en gare de Frasne (Haut-Doubs), un affreux doute nous assaille. Et si les Suisses n'avaient pas le monopole du gruyère dont ils revendiquent la fabrication depuis le XIIe siècle (1) ? Va donc faire fonctionner la 3G entre deux forêts de sapins pour vérifier… Et pas question