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Libération
Tu mitonnes !

Quetsches que c’était chouette !

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Chaque jeudi, passage en cuisine et réveil des papilles. Aujourd’hui, détour par Strasbourg pour ses succulentes prunes.
(Photo Emmanuel Pierrot)
publié le 24 septembre 2014 à 17h16

Faut pas jouer avec les souvenirs. Des fois, ça vous entraîne vers de drôles d'aiguillages. Tiens, l'autre soir, on est en train de peloter une poignée de quetsches chez l'ami Amar l'épicier quand, par le parfum chavirant du fruit trop mûr, nous revient la ritournelle de la tarte de quatre heures : Nina Hagen chante Ranghen, on a un gros creux dans le ventre laissé par l'affreux brouet du restau U de la Victoire à Strasbourg. On a une faim de 20 ans, autant dire que l'on boufferait un bæckeofe entier avec sa terrine vernissée. Mais, pour l'heure, on se rabat sur une part de tarte aux quetsches dénichée du côté de Neudorf, belle et bonne comme une maraude sous l'arbre. Alors quand nous revient le ressac de ce petit bonheur gourmand devant l'étal d'Amar, on n'a qu'une envie : aller aux prunes et se vautrer sur la pâte, qu'elle soit linzer, brisée ou bien feuilletée.

Opulent. Alors, ni une, ni deux, on prend le dur pour Strasbourg. C'est un petit matin nébuleux. Des voiles de brume, fins comme le tulle, nappent les labours, les chaumes et les pâturages qui vont parmi les plaines, les monts et les vaux de ce grand Est. Le ciel s'orne de lueurs orangées et l'automne semble encore loin dans ce paysage opulent qui a blanchi avec la rosée de la nuit.

On débarque à Strasbourg, réjoui mais frileux. On a déjà en bouche la petite musique crissante des cristaux de sel sur le bretzel de 10 heures. Direction la place Broglie et son marché (1) qu