Qu'est-ce qui fait la différence entre un bon vin et un grand vin ? Autant la question est évidente, autant la réponse ne l'est pas. On peut cependant la trouver sous la plume toujours inspirée de l'écrivain Jean-Paul Kauffmann. «Décrire un bon vin est chose relativement facile. Des bons vins, on en élabore aujourd'hui à peu près partout. Ils procurent une satisfaction, un état de contentement où l'on ne désire rien de plus, rien de mieux que ce que l'on déguste.» Mais, «un grand vin, c'est une autre affaire». Quelle affaire ? Un «profond rapport de connivence entre le vin et la dégustation» qui «s'appelle l'émotion, sentiment tout aussi malaisé à décrire». Il ajoute : «L'attaque est soyeuse, tandis que viennent se déployer crescendo deux perceptions antinomiques, la finesse et la puissance, que seuls les grands vins savent unir.»
Kauffmann parle aussi de «l'impulsion intérieure» des grands vins, de leur : «Chacun d'entre eux, tout en assumant sans restriction ses pouvoirs de séduction, doit se garder de la moindre exagération.» Surtout, «rien de trop». Une vraie leçon de philosophie grecque. Ce qu'écrit Kauffmann, on peut le lire dans la préface d'un livre consacré aux grands vins : la Magie du 45e parallèle.
Les deux auteurs, Olivier Bernard, à la tête du célèbre Domaine du Chevalier, dans les Graves, et le journaliste Thierry Dussard, y développent la théorie d'une «ligne à haute tension