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Libération

Un de ces Syrare moments

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publié le 21 novembre 2014 à 17h06

C'était une soirée de retrouvailles. De passage à Lyon, il fallait trouver une cantine pour le soir, on a opté pour le Canut et les Gones, inusable adresse au décor de bric, de broc et de pendules, sur le plateau de la Croix-Rousse. Un patron bougon, une cuisine lyonnaise raffinée. Je traînais souvent là au début des années 2000, en arrivant à Lyon. Le premier représentant de Libé dans la ville, l'illustre Albert Agostino, libertaire sensible à la plume pleine de douceur et de rage, m'avait fait découvrir un bistrot voisin, Cassoulet, Whisky Ping-pong, où l'on jouait au backgammon certains soirs, avant d'aller dîner au Canut à côté.

C’était drôle, l’autre soir, de retrouver l’adresse attachante. Et bon de commander un carpaccio de tête de veau et un gratin d’andouillette à la moutarde. Et avec cela, quel vin on vous sert ? Une Syrare du domaine Gallety. Autre très bon souvenir.

Pour un reportage sur les vins du Vivarais, j’avais visité cette famille de pionniers. Lorsqu’elle s’était lancée, l’Ardèche ne fournissait guère que de la piquette, et aussi un peu de vinaigre. Ils avaient commencé par travailler les sols proprement, sans jouer aux petits chimistes. Savaient ensuite vinifier. Leur maison assez andalouse avait des murs épais et des pièces très fraîches. Le vin s’y travaillait par gravité. Il arrivait de la vendange à l’arrière de la bâtisse, plus élevé, descendait dans les cuves, puis des cuves aux barriques, puis des barriques à la mise en bouteille. A mon pas