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Libération
Bonne pêche

Sologne, la chasse aux œufs d’or

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A Saint-Viâtre, Patricia et Vincent Hennequart élèvent des esturgeons et produisent chaque année deux tonnes de caviar, servi à l’Elysée comme au Fouquet’s.
La propriété de Hennequart compte 80 bassins où évoluent 50 000 esturgeons. (Photo Fred Kihn)
publié le 26 décembre 2014 à 17h16

Doucement mais sûrement, l’imposant filet ratisse l’étang. Ils sont trois pêcheurs à le tenir à bout de bras. Equipés de grandes bottes en caoutchouc leur montant jusqu’à la taille, de l’eau jusqu’aux cuisses, ils progressent du même pas. Leur nasse encercle les poissons et les ramène vers la berge. Le soleil qui se reflète sur le bassin donne à la scène des airs de tableau. Et les lointains coups de canon tirés pour éloigner les cormorans des étangs la rendent encore plus solennelle.

Cette pêche-là n'a rien d'ordinaire. C'est une chasse aux œufs d'or. Une collecte à plusieurs milliers d'euros. Au fond de leur filet, point de carpe, de tanche ou de goujon. Ce que ces hommes capturent avec précaution, ce sont des Acipenser baerii. Une espèce d'esturgeon, dont les œufs des femelles attrapées aujourd'hui seront transformés sous peu en caviar. Des grains de folie qui se vendent à 2 400 euros le kilo.

Moustache. Alors qu'on les imaginerait volontiers frayer dans les eaux glaciales du lac Baïkal ou les profondeurs de la mer Caspienne, c'est ici, en Sologne, région plus connue pour ses chasses à courre, ses sangliers ou ses étangs poissonneux, que Patricia et Vincent Hennequart élèvent des esturgeons. Sur leur propriété à Saint-Viâtre, une petite commune du Loir-et-Cher, étangs et bassins de terre creusés par leur père s'étendent à perte de vue. Les frère et sœur, issus d'une famille de pisciculteurs, se sont lancés voilà dix ans. Délais