Aquoi ressemble une chocolaterie parisienne ouverte en 2016 ? Le plus souvent, à une bijouterie (Pierre Hermé) ou une galerie d'art (Patrick Roger). Bref, à un lieu précieux dont on hésite à pousser la porte. Cyril Lignac, le chef qui s'est bâti à juste titre une réputation de proximité avec les Français, l'envisage différemment. Il a d'ailleurs agrémenté son beau logo des termes «gourmand» et «croquant», que répétait sans cesse sa marionnette du temps des Guignols.
Le chef a ouvert fin mars une chocolaterie dans une partie du XIe arrondissement de Paris qu'il a déjà bien investie avec sa pâtisserie et son resto le Chardenoux à moins de 15 mètres. Le lieu est convivial, avec sa bande-son facile (d'Aaliyah à Lana del Rey), son carrelage type bistro et sa grande table, aussi faite pour que les clients de la pâtisserie en face puissent venir manger leurs gâteaux. Surtout, on sent dans l'approche des produits que l'Aveyronnais reste fidèle à son envie de «faire plaisir et de ne pas intellectualiser la cuisine».
Ce temple de la confort food propose des basiques américains (muffins, brownies, cookies), des viennoiseries (notamment des «chocolatines», car non, l'homme ne renie pas ses origines du Sud), mais aussi des versions alternatives à base de bonnes matières premières des produits phares de la malbouffe (garanties sans morceau de plastique dedans) comme des barres chocolatées (5 euros) type Snickers ou Bounty, déclinables en cinq parfums… Celle qu'on a goûtée est quelque part entre le Mars et le Twix, avec une base de biscuit feuilleté au lait et beaucoup de caramel. C'est certes plus fin qu'un produit industriel, et Lignac a rajouté un peu de sel bien dans l'air du temps, mais la sensation de colle aux dents demeure, elle, intacte.
Dans un genre plus raffiné, il a décliné des tablettes de chocolat. Il y a les grands crus (chouette Papouasie à 6 euros les 100 g, 70 % cacao, bien corsé), des ganaches à la menthe subtiles (10 euros les 110 g), où l’herbe arrive en arrière-goût, tout doux - ouf, Lignac ne reproduit pas l’After Eight ici.
D’un bon niveau, la chocolaterie leste tout de même un peu l’estomac et sans aucun doute les poignées d’amour. La chocolatine (1,60 euro) est délicieuse mais si beurrée que les mains restent hydratées toute la journée, le chocolat chaud (5 euros) aux noisettes et à la vanille préparé chaque matin sur place donne l’impression d’être dépourvu de lait tant il est intense. Mieux vaut être prévenu, et penser à s’armer de sa brosse à dents.
26, rue de Chanzy, (75 011), www.lachocolateriecyrillignac.com/