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Libération
Interview

Salon de l’alimentation «Nos menus sont avant tout des enjeux politiques»

Eric Roux porte-parole de l'Observatoire des cuisines populaires
publié le 18 octobre 2016 à 20h21

Nos choix alimentaires sont complexes, «contraints par les disparités sociales, culturelles et économiques qui traversent notre société», rappelle Eric Roux auteur de documentaires et d'un Manuel de cuisine populaire (éd. Menu Fretin, 2010). «Chez un couple de trentenaires urbains travaillant dans le tertiaire, une famille avec deux ou trois enfants aux revenus nécessitant des calculs permanents et des retraités propriétaires et passionnés de jardin, les choix alimentaires, mais surtout les possibilités d'approvisionnement, donnent à voir des menus disparates.» A l'occasion du Salon international de l'alimentation qui se tient jusqu'à jeudi à Paris, le journaliste rappelle que nos assiettes miroitent les injonctions médiatiques et sanitaires du moment. Au-delà des effets d'annonce - «gluten, cinq fruits et légumes, protéines animales, lactose, ananas à toutes les sauces, pesticides, antibiotiques» - le message des médecins persiste : «Il faut manger de tout, avec modération et surtout de manière diversifiée.» Quid du retour à l'aliment-doudou ? «Face à l'inquiétude ambiante, la blanquette de mémé, le couscous comme au bled ou le dessert lacté démoulage facile avec languette intégrée seraient la réponse à nos soucis. Un "c'était mieux avant" de la nourriture» qu'Eric Roux relativise : le goût de la blanquette étant celui de notre enfance. Pour l'avenir, la plus forte des fractures alimentaires «n'est pas tant dans l'oubli et l'abandon de la transmission de recettes» que «dans la circulation et l'acquisition du savoir. […] Les étiquettes nous renseignant sur ce que sont nos aliments, d'où ils viennent, ce qu'ils contiennent sont toujours écrites aussi petites, et bien souvent incomplètes».