C’est une drôle d’habitude que l’on a gardée des temps lointains. Très lointains. S’arrêter devant le panneau d’affichage des écoles pour y «déguster» les menus de la semaine de la cantine. C’est à peine si l’on ne déclame pas à haute voix le céleri rémoulade, le steak haché-frites, le camembert, la pomme et le Flanby. Il nous arrive même de saliver devant le canard sauté au gingembre et soja, d’être intrigué par le ragoût de rutabaga aux marrons ou de regretter le temps du fromage blanc aux brisures de spéculoos.
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Jus et potées
On ne lit pas ces menus scolaires, on se les récite à soi comme les vers immémoriaux de Jean Tardieu dans La môme néant, appris à la communale : «Quoi qu'a dit ? - A dit rin. Quoi qu'a fait ? - A fait rin. A quoi qu'a pense ? - A pense à rin. Pourquoi qu'a dit rin ? Pourquoi qu'a fait rin ? Pourquoi qu'a pense à rin ? - A' xiste pas.» On hume le panneau d'affichage en espérant y retrouver les fumets qui envahissaient le préau à l'heure de la récré, où l'on se foutait sur la gueule les marrons d'Inde d'octobre. Les parfums des jus, des potées, des pommes cuites au four étaient autant de baumes pour nos petites âmes meurtries par une méchante tôle en dictée ou en calcul.
Guerre des boutons
Il ne faut pas s'y tromper : la cantine, c'est beaucoup plus que manger à l'école. C'est une épopée dans le grand roman au