François Hollande Candidat PS à l’élection présidentielle
Faire de la construction des singularités une utopie positive
Parler de société des égaux, c’est montrer que l’égalité ne se résume pas à sa dimension arithmétique, même si, bien sûr, elle est essentielle. Il y a trois dimensions dans l’égalité. C’est d’abord un rapport social, cela concerne les positions des individus les uns par rapport aux autres. Alexis de Tocqueville parlait de société des semblables : tous les individus sont les mêmes. Cette idée est fondamentale, mais l’individualisme de la similarité n’est pas suffisant car chacun ne veut pas simplement être quelconque. L’individualisme de la similarité consistait à dire : au fond, si les hommes sont semblables, ils ne se distingueront plus. Or, aujourd’hui, chacun veut se singulariser. C’est pourquoi l’un des fondements d’une société des égaux, c’est la reconnaissance de la singularité.
Mais il n’existe aujourd’hui que des formes dévoyées de cette singularité, exprimées sur un mode communautaire, ou participant à l’inverse d’une aversion aristocratique pour les masses. Faute de pouvoir être un individu parce qu’on est méprisé dans la société, on va se réfugier au sein d’un groupe identitaire. Une société des égaux doit faire de l’idée des constructions des singularités une sorte d’utopie positive.
Pierre Rosanvallon Professeur au Collège de France
La liberté n’est pas seule au fronton de la République, on a oublié l’égalité
La crise que nous traversons n’est pas seulement économique ; elle est aussi symbolique et politique. Elle nous im