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Folie, un accident de la vie ?

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Modérateur Eric Favereau
par
publié le 25 novembre 2011 à 0h00

Hervé Bokobza Psychiatre et psychanalyste

Une société sans fou est folle

Le langage populaire ne s’y trompe pas : «Je suis fou de toi», «Je suis fou d’avoir fait cela», ou «Nous avons fait les fous», etc. La folie parcourt nos existences et se trouve sans doute présente dans tout processus créatif, qu’il s’en situe en plein cœur ou au contraire nichée en des espaces secrets de notre psyché. J’aime à dire qu’est fou celui qui ne sait pas qu’il a de la folie en lui ; jamais une personne en délire aigu ne dira «je suis fou».

De la peur à la fascination, en passant par la compassion ou la répulsion, la folie nous convoque à l’extrême de nous-mêmes. Elle nous entraîne dans une conversation intime. L’existence du fou, celui qui incarne l’évanouissement de la raison, est sans doute celui qui permet à une société de se sentir ou de se repérer la «moins folle» possible. Où sont les limites ?

Claude Finkelstein Présidente de la Fédération nationale des associations d’usagers en psychiatrie

La folie, ça se soigne

André Gide : «Les choses les plus belles sont celles que souffle la folie et qu'écrit la raison.» Nous vivons tous avec un petit espace de folie, de déraison, qui fait partie de l'humain. Sans folie, pas d'humanité. Certains d'entre nous, au cours de leur vie n'arrivent plus à maîtriser leur souffrance. Il s'agit bien d'un accident de la vie, et comme pour tout accident, la réactivité, la bonne prise en charge augure de la vie future de la personne.

Dans notre société, la folie est assimilée à une dangerosité, les fous stigmatisés. La loi du 5 juillet, sur les soins sans consen