Mario Telo Vice-président de l’Institut d’études européennes de l’Université libre de Belgique
Le défaut vient de la conception des fondations
La plus grave crise de l’Europe, la crise de la zone euro n’a aucun rapport avec l’élargissement de 12 Etats à 27. La crise est l’effet des erreurs faites à Maastricht en 1991, par le traité qui a été conçu pour éviter l’élargissement et mettre en avant l’approfondissement de l’intégration monétaire et politique, mais sur des bases fragiles.
La crise ne vient pas des nouveaux membres, mais du noyau dur de l’UE : l’asymétrie absurde entre l’union monétaire et l’absence d’union économique et politique. L’élargissement n’est pas une erreur. Le projet d’une union continentale entre Etats démocratiques pour la paix et la prospérité est un grand projet que l’Europe offre à la gouvernance mondiale. Le problème, c’est la relation franco-allemande, moteur de l’Europe.
Pierre Manent Philosophe et directeur d’études à l’EHESS
Une Union quantitative sans projet
L’extension de l’Europe a rendu impossible la constitution d’un ensemble politique capable d’action effective. Plus l’Union comportait de membres, moins elle était capable de refuser la demande de ceux restés dehors. Bientôt entrèrent tous ceux qui le voulaient ou presque, et tous, anciens et nouveaux, jetèrent le voile sur les critères ridiculisés.
L’Europe mesurait son progrès à l’aune de son accroissement quantitatif, ne consacrant pas une heure à la formation d’un point de vue commun sur le monde. Le seul espoir des hommes raisonnables, la formation d’un noyau actif autour de Berlin et de Paris, s’éloigne