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La faim dans le monde, une fatalité ?

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Les nouvelles frontièresdossier
Modérateur Vincent Giret
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publié le 25 novembre 2011 à 0h00

Jean-Christophe Rufin Médecin, diplomate et écrivain

Et si la nourriture était un bien comme les autres

Le terme de faim est imprécis. Il recouvre deux grands phénomènes qui requièrent des approches distinctes : les famines, les grandes crises alimentaires aiguës, et la malnutrition chronique qui touche certaines catégories sociales de façon plus ou moins endémique. Agir contre les grandes situations de carence alimentaire aiguë suppose d’analyser le mécanisme des famines. Le facteur climatique n’est jamais seul en cause. Pour qu’il y ait famine, il faut un facteur climatique plus un facteur humain : guerre, politique, spéculation.

Cette intrication rend toute action de secours difficile et dangereuse. On ne peut désigner les pays du Nord, les multinationales agroalimentaires ou les organisations de Bretton Woods, comme les seuls «affameurs». Malheureusement, beaucoup d’autres acteurs entrent en jeu : des politiques de collectivisation, des gouvernements ou des groupes armés locaux qui se servent de la faim dans leur combat politique.

Pour conclure, j’aimerais discuter la formule de Jean Ziegler : la nourriture ne doit pas être considérée comme un bien comme les autres. Il me semble, et j’expliquerai pourquoi, que la solution est peut-être aujourd’hui de dire le contraire.

Jean Ziegler Sociologue, vice-président du Comité des droits de l’homme des Nations unies

La production agricole actuelle peut alimenter 12 milliards d’humains

Toutes les cinq secondes un enfant de moins de 10 ans meurt de faim, tandis que des dizaines de millions d’autres, et leurs parents avec eux, souffrent de la s