Gérard collomb Maire de Lyon
Pendant que la France délaissait son industrie, l’Allemagne pariait dessus
La France est en panne. L’Allemagne, elle, semble jouir d’une santé éclatante. Comment cette divergence s’explique-t-elle ? Il y a d’abord eu en France, cette idée qu’on pouvait, dans les périodes difficiles, relancer par la consommation. Avec un problème : nous ne profitions jamais des phases hautes du cycle économique pour nous désendetter. La dette vient donc de loin. Elle s’est accrue dans le dernier quinquennat par les réductions d’impôts voulues par le président de la République, et par la nécessité d’injecter de l’argent public pour conjurer la crise à partir de 2008.
Cette politique de facilité s’est ensuite appuyée sur une idée fausse. Nous avons voulu croire que, dans une économie mondialisée, il y aurait une répartition des rôles. Aux pays développés de se positionner sur les services, la recherche, le design. Aux pays émergents d’être l’usine du monde.
Notre système scolaire privilégie l’abstraction plus que l’ouverture aux réalités techniques. Notre enseignement supérieur valorise la recherche fondamentale plutôt que la recherche appliquée. Notre économie développe davantage ses services que son appareil productif.
Une vision désastreuse, car l’innovation ne se construit pas hors-sol. Elle émerge au sein de la production. Et pendant que nous abandonnions notre industrie, les pays émergents - Chine, Inde, Brésil - montaient en gamme et se dotaient d’importantes capacités de r