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Libération
Interview

Riches ou pauvres, à chacun son ghetto ?

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Modérateur Sylvain Bourmeau
publié le 25 novembre 2011 à 0h00

Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot Sociologues

Les plus riches se mobilisent sur tous les fronts et à tous les instants pour la défense de cet entre-soi

Y a-t-il en France des ghettos de pauvres ?

La plupart des cités défavorisées sont des ghettos. Ils ne sont certes pas clos de mur mais ils sont de fait relégués et «ségrégués». On y entasse des populations qui cumulent tous les handicaps : économiques, culturels et sociaux. Lorsqu’on utilise les mots de bande, délinquance ou violence, on les associe toujours aux ghettos de pauvres. Jamais aux ghettos de riches. Lorsqu’on parle de délinquance, pensez-vous spontanément à la délinquance financière ? Mais à l’ouest de Paris, tout est légal et dépénalisé car ce sont les gens des beaux quartiers qui font les lois.

Le ghetto renvoie l’image d’un quartier pauvre, qu’est-ce qu’un ghetto de riches ?

C’est un ghetto choisi où les habitants ont en commun des modes de vie et un certain niveau de richesse. Les personnes qui cumulent les richesses et les pouvoirs recherchent l’entre-soi, un communautarisme lié à la naissance. Cette proximité dans l’espace social se retrouve dans l’espace urbain que constituent les beaux quartiers. Nous avons bourlingué un peu partout en France, dans les différentes parties de la société. Les ghettos en tant que ensemble résidentiel clos et inaccessible sont le propre des beaux quartiers. La villa Montmorency, à Paris, où résident la femme du Président et certains de ses amis, comme Bolloré ou Lagardère est très parlant. Il s’agit d’un lotissement oligarchique. Les plus riches ont des contraintes sociologiques très fort