Jean-Christophe Victor Directeur scientifique du Lépac
Quel point commun existe-t-il entre Bagdad, la Cisjordanie, le Cachemire, la ville de Padoue et celle de Rio ? On y érige des barrières de séparation entre les populations.
Provisoires ou permanents, efficaces ou inopérants, électriques ou en béton, les murs ont fait leur retour comme instrument de gestion politique. En 1989, la chute du mur de Berlin et de l’ordre géopolitique de la guerre froide laissait augurer la chute d’autres murs et barrières issus de cette période. Pourtant, depuis 1989, les murs se multiplient : mur entre les Etats-Unis et le Mexique depuis 1994, barrière érigée par l’armée marocaine pour contrôler le Sahara occidental, mur israélo-palestinien depuis 2002, barrière électrifiée au Cachemire depuis 2002-2003, barrière entre l’Inde et le Bangladesh, entre l’Arabie Saoudite et le Yémen.
Les murs ont eu une fonction militaire défensive : devant protéger un territoire d'un ennemi extérieur armé et offensif. Avec les transformations des techniques de la guerre observées à partir du milieu du XXe siècle et la définition de nouvelles menaces depuis les années 1990 (terrorisme, criminalité organisée, prolifération nucléaire, etc.), cette fonction a peu à peu cédé le pas à une fonction sécuritaire.
Le mur a désormais vocation à isoler les populations, à être une barrière physique entre des communautés. Il est un obstacle matériel supplémentaire posé sur le chemin qui mène d’un territoire à un autre, d’une société à une autre, d’une population à une aut