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Séparer, enclaver quand tout bouge.

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TECTONIQUE DES FRONTIÈRES. Les murs se multiplient, mais dans un monde fondé sur le mouvement, ils ne sont pas éternels.
par Jean-Christophe Victor
publié le 25 novembre 2011 à 0h00

Jean-Christophe Victor Directeur scientifique du Lépac

Quel point commun existe-t-il entre Bagdad, la Cisjordanie, le Cachemire, la ville de Padoue et celle de Rio ? On y érige des barrières de séparation entre les populations.

Provisoires ou permanents, efficaces ou inopérants, électriques ou en béton, les murs ont fait leur retour comme instrument de gestion politique. En 1989, la chute du mur de Berlin et de l’ordre géopolitique de la guerre froide laissait augurer la chute d’autres murs et barrières issus de cette période. Pourtant, depuis 1989, les murs se multiplient : mur entre les Etats-Unis et le Mexique depuis 1994, barrière érigée par l’armée marocaine pour contrôler le Sahara occidental, mur israélo-palestinien depuis 2002, barrière électrifiée au Cachemire depuis 2002-2003, barrière entre l’Inde et le Bangladesh, entre l’Arabie Saoudite et le Yémen.

Les murs ont eu une fonction militaire défensive : devant protéger un territoire d'un ennemi extérieur armé et offensif. Avec les transformations des techniques de la guerre observées à partir du milieu du XXe siècle et la définition de nouvelles menaces depuis les années 1990 (terrorisme, criminalité organisée, prolifération nucléaire, etc.), cette fonction a peu à peu cédé le pas à une fonction sécuritaire.

Le mur a désormais vocation à isoler les populations, à être une barrière physique entre des communautés. Il est un obstacle matériel supplémentaire posé sur le chemin qui mène d’un territoire à un autre, d’une société à une autre, d’une population à une aut