Transports, rénovation industrielle, végétalisation… En 2023, Libé explorera la thématique de la transition écologique lors d’une série de rendez-vous inédits. Objectif : trouver des solutions au plus près des territoires. Première étape, Bordeaux, les 4 et 5 février (entrée libre sur inscription). Un événement réalisé en partenariat avec la ville de Bordeaux, le département de la Gironde, l’Université de Bordeaux, le Crédit coopératif, Velux, la Plate-forme d’observation des projets et stratégies urbaines (Popsu).
Pierre-Jean Fichet nous met tout de suite en garde : «Attention, je n’incarne pas du tout l’Autre librairie. Ce qui fait l’intérêt et la réussite de ce projet, c’est le collectif !» Le président du conseil d’administration de cette librairie coopérative d’Angoulême le reconnaît, il a rejoint l’aventure pour son mode de fonctionnement démocratique. «En 2018, la fermeture de la librairie MCL, réputée pour son approche pointue, a suscité des projets de reprises de la part de plusieurs groupes de clients. Rapidement s’est affirmée l’ambition de créer une coopérative associant clients, bénévoles, salariés et partenaires autour de ce bien commun qu’est la librairie» rappelle le sociétaire passionné.
En juin 2019, l’Autre librairie a ainsi ouvert dans un local de la rue de Beaulieu, en face de feu la librairie MCL. Généraliste, avec un fond choisi, elle puise son identité dans ses rayons spécialisés comme la BD, les sciences humaines, l’écologie ou le féminisme. «Il existe un enjeu de vitalité dans cette rue du cœur historique d’Angoulême où de nombreux commerces ont fermé. Un enjeu doublé d’un défi économique» poursuit-il. Quatre ans après sa création, dopée par la présence de la librairie, la rue a vu revenir quelques commerçants de proximité. «Le défi économique a été relevé d’une certaine manière puisque la pérennité de notre projet est assurée, mais les objectifs fixés n’ont pas été atteints et le succès repose aussi sur les efforts de bénévoles.» Grâce à eux, l’Autre librairie peut proposer des ateliers et des rencontres ou porter des actions hors les murs. Une trentaine de bénévoles aident ainsi à insuffler une vie littéraire. Ils secondent aussi les deux salariés en les remplaçant à l’heure du déjeuner pour étendre les horaires d’ouverture.
La société coopérative d’intérêt collectif l’Autre librairie réunit aujourd’hui 239 associés (contre 170 à sa création), désireux d’expérimenter la gouvernance collective. «Les cinq dernières années ont vu fleurir de nombreuses librairies sous forme de coopératives en France. Les citoyens s’emparent de la possibilité offerte par ce statut pour faire vivre des librairies qui ne bénéficient pas de subventions de l’Etat ou des collectivités locales, contrairement à d’autres acteurs du monde culturel comme le théâtre», analyse Pierre-Jean Fichet. Dans cette tendance émergente, il faut lire la volonté de défendre un lieu culturel qui participe à la vie de la cité. Les sociétaires de l’Autre librairie fourmillent d’ailleurs d’idées pour affirmer son rôle dans l’animation de la vie sociale : en faire un lieu d’échange de services, initier des tournées à vélo dans les quartiers éloignés du centre-ville pour proposer des livres… Le projet séduit : près d’une personne par mois manifeste son désir de devenir sociétaire.