Energie, transports, rénovation durable, végétalisation… En 2023, Libé explore la thématique de la transition écologique lors d’une série de rendez-vous inédits. Objectif : témoigner des enjeux et trouver des solutions au plus près des territoires. Quatrième étape à Dunkerque, les 13, 14 et 15 octobre.
La société Daudruy, née en 1829, a débuté dans la pêche à la morue. Il s’agissait alors d’une grande famille d’armateurs de Dunkerque qui, avant de partir en campagne dans les mers lointaines, faisaient une fête à tout casser. C’était du temps où les marins quittaient leur ville durant des mois pour rejoindre les riches eaux de Terre-Neuve. Mais le temps a passé. Les goélettes à voile ont cédé la place aux navires à vapeur puis à moteur… Lorsque la pêche a périclité, la société s’est retrouvée sans activité. La famille s’est alors tournée vers le recyclage des foies de morue. Après l’huile de poisson et la graisse animale, ce fut au tour de l’huile végétale.
«Une huile limpide, sans impuretés»
Aujourd’hui, avec 342 «références produits» et «cent ans d’expérience dans les corps gras», 150 000 tonnes d’huile sont produites chaque année sur les sites industriels de Petite-Synthe ou de Dunkerque. L’huile de colza vient de France, celle de coco de Polynésie, les huiles de poisson du Maroc. La société est présente sur plusieurs domaines : la savonnerie, le lubrifiant, la consommation alimentaire, l’alimentation du bétail et des animaux de compagnie.
«On commence un peu à travailler sur la cosmétique, explique Ameline Daudruy (neuvième génération !), responsable projet et communication. La base de notre métier est de raffiner de l’huile qu’on achète brute. Elle est ensuite filtrée, chauffée, mise sous vide. L’injection de vapeur conclut le processus pour enlever les derniers résidus.» Pour un industriel de l’agroalimentaire, l’huile brute non traitée n’a pas d’utilité. «Le raffinage vise à obtenir une huile limpide, de belle couleur, sans impuretés. Et qui peut tenir dans le temps.»
«Un cycle d’économie circulaire»
En 2006, la société se tourne vers les énergies vertes et se spécialise dans les biocarburants avec la création de Nord-Ester, une filiale produisant du bio diesel (qui émet moins de particules et moins de CO2). «Le bio diesel est fabriqué à partir d’huiles usagées, détaille Ameline Daudruy. On fait du recyclage. Dans cette même optique, on a une unité de méthanisation, Nord-Metha, qui a développé un processus utilisant les déchets du site.» Mis dans un «digesteur», ils sont soumis à la fermentation qui crée du gaz. Epuré, il devient du bio méthane.
«C’est un cycle d’économie circulaire. On raffine des huiles qui ont vocation à partir dans l’alimentaire ; une fois usagées, on les récupère pour les transformer en bio diesel. Et les déchets générés de nos sites de production sont eux-mêmes retraités.»
Quant au transport, point faible de nombre d’entreprises avec leur flotte de camions, la société s’est souvenue de ses origines maritimes et essaie, dès que possible, d’utiliser des barges pour une navigation douce sur le canal tout proche.