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Colloque

«A l’échelle des transitions» : un colloque sur les dialogues territoriaux à l’heure de la transition écologique

Le 23 mai à l’Assemblée nationale, élus, ministres et scientifiques s’interrogeront sur les meilleures façons d’articuler les politiques publiques.
La ville de Lyon. (Antoine Boureau/Antoine Boureau)
publié le 21 mai 2024 à 3h07

«On ne peut pas bien appréhender un sujet si on l’enferme dans un périmètre figé», martèle l’ingénieur et urbaniste Jean-Marc Offner, président du Conseil stratégique de Popsu, Plateforme d’observation des projets et stratégies urbaines dont Libération est partenaire. L’affirmation pourrait sembler relever de l’évidence : répondre à des problématiques de transport nécessite de dépasser les frontières d’une ville ; comprendre les enjeux liés à l’eau exige de regarder au-delà d’une métropole ou d’un département… Pourtant, bien souvent, l’action publique n’opère pas à la bonne échelle en matière d’écologie, juge l’urbaniste. Frontières administratives et manque de coopération entre acteurs publics, freinent les nombreux changements que les crises environnementales appellent d’urgence, depuis la préservation de la biodiversité à la gestion des ressources en passant par l’adaptation au changement climatique.

C’est le sujet du colloque, ouvert au public, qui se tient le 23 mai à l’Assemblée nationale. Élus, ministres et scientifiques y questionneront, au fil de tables rondes et de conférences, la refonte «des dialogues territoriaux à l’heure de la transition écologique». Réindustrialisation, politique de la ville, tourisme, réchauffement climatique, circuits courts (lire notre dossier « Le temps des villes et des territoires »)… Aujourd’hui, face à l’urgence, si le cap est connu (notamment concernant la baisse des gaz à effet de serre), le chemin pour y parvenir reste à tracer.

«On entend beaucoup dire que le local est inventif, source de créativité. C’est vrai, mais une somme de bons projets locaux ne fait pas une bonne politique publique. Additionner le chacun pour soi, le chacun chez soi, ça ne donne rien», tranche Jean-Marc Offner, qui n’est pas tendre non plus envers le dispositif de planification nationale «en forme de poupée russe», qui se décline aujourd’hui en Schémas régionaux d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (Straddet), schéma de cohérence territoriale (Scot) et plan local d’urbanisme (PLU).

Parce qu’il relève d’une logique descendante, du national vers le local, il ne permet pas de répondre aux enjeux territoriaux qui se jouent à de multiples échelles, fustige l’ingénieur et urbaniste. Ainsi de l’objectif zéro artificialisation nette (ZAN) issu de la loi climat et résilience, qui est souvent plaqué dans des territoires ruraux ou périurbains, en une règle de trois simpliste qui ne rend justice ni aux spécificités et initiatives locales, ni aux capacités de dialogue.

Comment peut-on dès lors mieux articuler les différentes échelles d’action ? Dépasser le modèle d’une prise de décision trop centralisée ou survaloriser le local ? Le 23 mai, écologues, sociologues, économistes, géographes et acteurs publics exposeront des pistes pour l’arpenter.

Un événement qui sera suivi d’un supplément de 12 pages à paraître le 7 juin dans le quotidien.