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Libération
Climat Libé Tour Marseille : initiative

A la Réserve des arts, circulez, y a rien à jeter

Eléments de scénographie ou de décor sont récupérés par l’association fondée en 2008 et qui existe à Marseille depuis trois ans pour être ensuite revendus à bas prix à d’autres artistes.
Dans les locaux de la Réserve des arts Méditerranée, l’antenne marseillaise de l’association. (DR)
publié le 6 décembre 2023 à 16h02
(mis à jour le 8 décembre 2023 à 11h19)
Informer, débattre et envisager des solutions au plus près des réalités et des enjeux. Rendez-vous le samedi 16 décembre à la Friche la Belle de Mai, à Marseille, pour la sixième et dernière étape de l’année 2023 du «Climat Libé Tour».

La Réserve des arts est née en 2008 d’un double constat : d’un côté, les entreprises cherchent à se débarrasser de leurs déchets ; de l’autre, les professionnels de la culture (créateurs, artistes ou étudiants) ont constamment besoin de matériel de récupération pour réaliser leurs œuvres. Comment dès lors mettre en relation tous ces acteurs ?

A l’origine du projet, deux femmes, Sylvie Bétard, qui a fait des études de photographie et de théorie de l’art contemporain, et Jeanne Granger, diplômée d’une école d’art au Royaume-Uni. «On s’est appuyés sur une association new-yorkaise, Materials for the Arts, qui a un concept équivalent dans le milieu éducatif. Nos adhérents vont collecter et récupérer des matériaux auprès des partenaires que sont les musées, théâtres, grandes entreprises de la mode et du luxe afin de les remettre en circulation après valorisation», explique Charlène Legendre-Dronne, l’actuelle directrice.

La Réserve des arts intègre le réseau national des ressourceries artistiques et culturelles (Ressac), et le concept essaime dans tout l’Hexagone avec une finalité : développer l’économie circulaire dans l’univers créatif et artisanal. En 2018, l’association collectait quelque 200 tonnes de matériaux – bois, métal, cuir, tissus, textiles, mercerie, plastique… Elle en compte 722 tonnes aujourd’hui, avec 90 % de réemployabilité. «On récupère des éléments de scénographie, de décors, sous toutes leurs formes. On les remet à un prix solidaire, de trois à dix fois moins cher que le prix de la matière neuve.» La Réserve des arts compte à ce jour 13 000 adhérents. Jeanne Ré est chargée des «écosystèmes et des relations entreprises» à la Réserve des arts Méditerranée, l’antenne marseillaise de l’association. Elle détaille son action.

«La Réserve des arts existe depuis trois ans à Marseille. Nous travaillons sur des projets autour des festivals, de l’événementiel, des tournages cinéma et avec des résidences. Trois bureaux ont été mis à disposition d’artistes professionnels.

«On est sur un territoire proche du marché aux puces, de la récupération… Paradoxalement, la contrainte de matériaux génère de la créativité. On doit désormais accepter de vivre dans un monde où les ressources ne sont pas infinies. Il nous faut répondre à cette question : comment la culture peut-elle nous aider à réinventer nos imaginaires ? Les créateurs et les artistes doivent être pionniers et exemplaires dans ce domaine.

«On travaille aussi à sensibiliser les écoles d’art, à les accompagner sur de nouvelles méthodes de création. D’une manière générale, les gens sont très engagés. Beaucoup d’artistes placent le réemploi au cœur de leurs pratiques, et essaient de voir ce qui existe sur leur territoire pour partir de l’existant. Quand ce n’est pas le cas, on s’adapte à nos interlocuteurs afin de trouver un moyen pour les sensibiliser.

«Nous avons à Marseille un souci de foncier, on va déménager l’entrepôt dans lequel nous sommes (à la Grande Halle face aux docks) et ce chantier va demander beaucoup d’efforts. Comment trouver un nouveau lieu pour pérenniser l’activité ? Nous sommes les seuls dans la région sud-est. Et il y a énormément de besoins à Toulon, à Cannes.»