A Avignon, la Villa créative propose de confronter les savoirs scientifiques, pédagogiques et artistiques pour créer de nouvelles connaissances. Un événement dont Libération est partenaire.
Emprunter l’escalier métallique, déballer les cartons sous les combles entièrement réaménagés de la Villa créative, profiter du jardin, tout cela sera pour cet été… En ce mois de mai, le directeur de l’Ecole des nouvelles images passe le plus clair de son temps en studio, auprès des étudiants de dernière année en cinéma d’animation. Ils mettent la dernière main à leurs films de diplôme, véritable graal pour démarrer dans la profession. Les précédentes promos ont ouvert une piste royale, avec des courts métrages comme Hors piste ou Sous la glace qui ont gagné des prix à Los Angeles. «En sept ans, nous avons remporté plus de 500 récompenses internationales, nous sommes l’école la plus primée au monde», se réjouit Julien Deparis, directeur général de l’établissement qui compte 260 élèves, formés sur cinq ans aux métiers de l’animation et du jeu vidéo.
Aucune arrogance dans la voix et dans ces mots, seulement la fierté d’un chemin commencé en 2017 avec l’envie de «faire les choses autrement». D’abord dans le choix de la structure, associative, qui implique les parents d’élèves et affirme dans ses valeurs, loin de tout mercantilisme, la «transparence», la «confiance» entre les apprenants et l’équipe pédagogique. «C‘est une école de création : le cinéma d’animation, le jeu vidéo, sont une œuvre collective, il est très important que les étudiants le comprennent et le vivent.» Le choix «d’une ville à taille humaine» participe de ce cadre. Et Avignon, avec son festival, fait sens : «Lorsque l’on crée de l’animation, on est très proche de la mise en scène théâtrale», avance Julien Deparis. A ses côtés, une équipe resserrée de permanents, et une centaine d’intervenants professionnels, qui «garantissent aussi une veille sur l’évolution des studios et des méthodes de travail» dans un secteur soumis à de fortes accélérations techniques et pressions économiques.
Loïc Etienne, directeur de studio chez Circus, spécialisé dans l’animation 3F et de VFX – à qui l’on doit notamment la série Lego City Adventures – fait chaque année partie du jury final. «Je suis les élèves dès la troisième année, dans leurs projets individuels et collectifs, explique-t-il. Il y a une âme dans cette école, ils font un background culturel incroyable en les formant aussi à la sculpture, la poésie, l’histoire des arts.» Fondé à Paris, le studio est le premier à avoir fait le choix de s’installer aussi à Avignon, près de l’école. Pour la dynamique à l’œuvre sur le territoire, dont la Villa créative va être, dit-il, «le totem, la tête de pont». «Là où les studios ne se parlent pas, on a voulu faire l’inverse ici. L’idée est de construire tout un écosystème qui a du sens.»
Et Julien Deparis de poursuivre : «On partage une vision qu’ils ont du mal à trouver sur d’autres territoires.» Celle d’une filière qui se construit se développe et se sécurise «main dans la main» autour d’une école privée, d’une université, de studios et d’institutions partenaires «fluides». C‘est ainsi que Grand Avignon et Vaucluse Provence Attractivité loue tout un étage de la Villa créative – soit 800 m² de locaux – à des industries créatives et culturelles.
Chromatik, studio marseillais de fabrication de dessins animés 2D et 3D, a décidé de sauter le pas et de venir s’y installer, comme une dizaine d’autres annoncés. «Le lieu est prometteur, affirme Mathieu Morfin, l’un de ses fondateurs. C‘est la première fois que tout est réuni dans un endroit pour faire un vrai pôle animation. Il y a forcément un peu de concurrence, mais au sein de notre association professionnelle SudAnim on essaie de garder une concurrence saine, transparente, et de mettre un équilibre en place. Et il y a beaucoup de complémentarité.»
Du côté de l’école, la proximité avec les studios est une réelle plus-value. De même que celle avec le campus, qui va se traduire par l’inscription en parallèle des élèves à l’université. Ils pourront ainsi être diplômés d’une licence pro ou d’un master, et bénéficier également du Crous. Sans compter, par exemple, les recherches à venir sur un pilote de data center fonctionnant à l’hydrogène vert et l’énergie solaire, pour une «transition écologique» de la filière. «Nous travaillons à un festival d’animation, avec des rencontres professionnelles», annonce par ailleurs Loïc Etienne. L’envie, à Avignon, est en tout cas collective.