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Le Printemps des Humanités

A Lille, une mutuelle pour tous

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La mairie a lancé un appel à partenariat pour proposer une offre à prix corrects aux personnes dépourvues de complémentaires santé.
(Fred Dufour/AFP)
par Stéphanie Maurice, correspondante à Lille
publié le 18 mars 2024 à 10h09
Scandales sanitaires, crises climatiques, politiques de santé…, le Campus Condorcet organise le 21, 22 et 23 mars 2024 trois jours de débats et de rencontres sur le thème du «prendre soin». En attendant l’événement, dont Libération est partenaire, nous publierons sur ce site interviews, reportages et enquêtes sur les thématiques du forum. A suivre, le 21 mars, le débat sur le système de santé français et ses évolutions.

A partir de la mi-mars, la ville de Lille va lancer sa campagne de publicité pour une offre de mutuelle pour tous. «Nous voulions ouvrir toutes les portes du maintien du pouvoir d’achat des Lillois, et nous avons découvert que 25 % des assurés de la Cpam Lille-Douai (Caisse primaire d’assurance maladie) n’étaient pas couverts par une mutuelle privée», explique Arnaud Deslandes, premier adjoint auprès de Martine Aubry, maire de Lille. C’est elle qui, quand elle était ministre de l’emploi et de la Solidarité, avait mis en place la CMU, l’ancêtre de la Complémentaire santé solidaire (CSS).

A la CPAM, on précise que dans ces 25 %, 13 % sont bénéficiaires de la CSS. Dans les 12 % restants, deux populations sont particulièrement concernées, selon Arnaud Deslandes : les étudiants avec des petits jobs, précaires ; les retraités, qui à la fin de leur carrière et de leur mutuelle d’entreprise, n’en prennent pas une en leur nom propre. Ils ne bénéficient plus de la part employeur, et se retrouvent seuls face au maquis des mutuelles. «Les plus de 85 ans sont de moins en moins couverts, affirme Arnaud Deslandes. Leur mutuelle peut représenter 150 euros par mois, c’est un vrai poids financier.»

La Ville a donc lancé un appel à partenariat, pour proposer une offre de mutuelle à prix corrects, et a retenu l’association Mission Santé Sociale. Celle-ci dispose d’un panier de 70 mutuelles, précise l’adjoint au maire, et sert d’intermédiaire avec ces organismes de santé complémentaire, grâce à des professionnels, courtiers ou autres. Ils tiendront des permanences dans les espaces seniors et les mairies de quartier, organisés avec le CCAS de Lille (Centre communal d’action sociale), ou dans stands d’information, pour la rentrée étudiante de septembre. «Il faut prendre le marché dans ce qu’il a d’utile, note Arnaud Deslandes. Le nombre fait la force.» Et assure de meilleures négociations. Mission santé sociale garantit la maîtrise des coûts et la qualité de l’offre. «Nous allons chercher, selon les profils, les mutuelles les plus adaptées. Nous offrons vraiment un accompagnement de proximité, en présentiel», explique Christophe Hau, le cofondateur de l’association.

Les deux chefs de l’opposition à Lille, Stéphane Baly (EELV) et Violette Spillebout (Renaissance), voient d’un bon œil cette mutuelle pour tous, présente dans leurs programmes de campagne respectifs. Violette Spillebout critique pourtant le temps pris : «500 villes l’ont déjà mise en place dans la région. On constate que sur beaucoup de sujets comme celui-là, Lille n’est pas pionnière». Stéphane Baly, lui, n’y voit pas une vraie mutuelle municipale, spécifique à Lille : «C’est un groupement d’achats, note-t-il. On aurait pu imaginer s’associer avec d’autres communes pour atteindre une taille suffisante et créer notre propre mutuelle.»

La Cpam Lille-Douai rappelle de son côté que de nombreux assurés ne savent pas qu’ils ont droit à la CSS, la formule avec participation. Il faut avoir des ressources annuelles ne dépassant pas 13 120 euros, pour un coût maximum d’un euro par jour. Quatre millions de Français y sont éligibles, seul 1,64 million en profite. Les permanences lilloises sur les mutuelles ont aussi pour objectif de lutter contre ce non-recours.