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Climat Libé Tour Marseille: initiative

A Marseille, l’upcycling redonne vie à la créativité avec 13 A’tipik

Climat Libé Tourdossier
Capes de pluie et sacs adaptables sur des fauteuils roulants, jeans transformés en objets déco… Un atelier textile spécialisé travaille aussi bien pour des projets solidaires que pour des marques.
Collaboration de l'association 13 Atipik avec Kaporal. (13 Atipik)
publié le 13 décembre 2023 à 15h58
Informer, débattre et envisager des solutions au plus près des réalités et des enjeux. Rendez-vous le samedi 16 décembre à la Friche la Belle de Mai, à Marseille (Entrée libre sur inscription dans la limite des places disponibles), pour la sixième et dernière étape de l’année 2023 du «Climat Libé Tour».

Autour de la grande table de coupe, ils ont entre leurs mains des coupons de couleurs vives. Les ciseaux semblent glisser sur la matière. «Je vérifie d’abord, et si c’est taché, je les mets de côté», détaille Meriem, 30 ans, en contrat d’insertion depuis un an, avant de suivre le crayonné du patron. Chaque morceau de tissu a été au préalable libéré de ses coutures initiales, puis aplani au fer à repasser. Dans une autre pièce de 13 A’tipik, atelier marseillais de confection textile spécialisé dans l’upcycling, Oumar supervise le travail d’une quinzaine de postes. «C’est une chaîne un peu longue, ce n’est pas le tissu qui est difficile, c’est le modèle qui veut cela», explique-t-il.

Des vêtements et accessoires pour personnes handicapées

Sur la dernière machine à coudre, Mustapha, originaire d’Afghanistan, s’attelle à l’étape le plus délicate : la pose finale d’un zip pour fermer la pochette d’ordinateur. Une fois terminée, elle ira rejoindre les cartons qui s’additionnent en piles en vue de la grosse livraison à venir : pas moins de 14 000 pochettes et trousses de toilette estampillées «Jott». Un œil averti aura reconnu le tissu des pochons qu’utilise la marque pour y glisser ses doudounes ou présenter en boutique les coloris de la saison, dans des verticales murales. «Au lieu de jeter les 90 000 pochons accumulés depuis une douzaine d’années, ils se sont tournés vers notre atelier, sourit Sahouda Maallem, la fondatrice de 13 A’tipik. Nous lui avons proposé ces deux modèles.» Au total, 40 000 pièces sont en cours de fabrication.

«Il a fallu plus de dix ans de travail pour développer une expertise et être identifié comme pionniers de l’upcycling, filière que nous portons maintenant à l’échelle du territoire», rembobine-t-elle. L’atelier emploie aujourd’hui 48 personnes, dont une trentaine en contrats d’insertion. Au départ, l’idée est de concevoir des vêtements et accessoires pour personnes handicapées : des capes de pluie, des sacs adaptables sur des fauteuils roulants, le tout à partir de textiles récupérés. «Le modèle économique n’a pas marché, mais on avait en place un réseau pour récupérer des habits auprès de particuliers ou d’associations», raconte Sahouda Maallem. Elle a alors l’idée de confectionner des escargots avec des chutes de tissu. Elle édite un livre racontant, photos et illustrations à l’appui, l’histoire de ses escargots. A Vauban, où l’atelier a son premier local, elle se fait un nom dans le quartier.

Pour les enfants opérés de malformations cardiaques

La marque marseillaise de jeans Kaporal la contacte pour une première collaboration : transformer des jeans en objets déco. Suivront des lignes de prêt-à-porter. «En sept ans, on a transformé des tonnes de jeans.» D’autres créateurs suivent, à l’image de Sessùn pour des sacs de yoga en patchwork. De plus petites marques aussi, et des projets solidaires : des blouses, taillées dans des maillots d’équipes sportives, vont aller à l’hôpital de la Timone pour les enfants opérés de malformations cardiaques. Sur des portants, un tailleur rose est taillé dans une chute de rideau. Une jupe à tissu paillettes, dans la tenue d’une patineuse sur glace. «Ce sont les modèles uniques de notre marque Capuche, mais je ne sais pas vendre», regrette Sahouda Maallem. Peu importe, ils permettent «d’expérimenter les matières». Car c’est aussi l’un des enseignements de l’upcycling : toutes ne se valent pas, et il faut trier avec soin !