Fin décembre, les 500 000 habitants de la métropole de Montpellier bénéficieront de la gratuité des transports dans les bus et les trams. Une mesure à imiter dans toutes les villes de France ? Rendez-vous le 21 décembre à l’Opéra Comédie pour un débat sur les enjeux de la mobilité. Entrée libre sur inscription.
Plus question de monter avec sa bicyclette dans le tramway. A partir du 21 décembre, date à laquelle les transports en commun deviennent gratuits pour les habitants de la métropole de Montpellier, «c’est interdit», a annoncé Julie Frêche, sa vice-présidente déléguée aux transports, «pour quelques mois», précisera-t-elle par la suite. «Il faut laisser la priorité aux piétons qui seront plus nombreux dans les tramways», justifie-t-elle. Prendre son vélo était jusque-là autorisé en dehors des heures de pointe. Désormais, il faudra garer sa bécane avant de pénétrer dans une rame.
«Potentiel énorme de report»
Un accroc à la complémentarité entre vélo et transports en commun que regrette Nicolas Le Moigne, président de l’association montpelliéraine Vélocité : «On assimile l’usage du vélo à une incivilité, alors qu’il faut au contraire faciliter l’intermodalité entre tramway et vélo, bien sûr en dehors des heures de pointe, dans l’hypercentre. Cela permet de gommer des discontinuités cyclables encore nombreuses.»
D’autant qu’il y a «un potentiel énorme de report vers ces deux mobilités si l’on peut facilement passer de l’une à l’autre quotidiennement», observe Claire-Marine Javary, chargée de plaidoyer à la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB). «Le vélo et les transports en commun sont profondément complémentaires. Ce qui compte, c’est de créer les conditions d’une alternative au déplacement automobile», abonde Michaël Delafosse, maire de Montpellier et président de sa métropole, qui avait promis pendant la campagne électorale de 2020 un accès «sans restriction» des bus et trams aux vélos. La collectivité a mis les moyens : en plus de l’agrandissement du réseau de transports en commun (cinquième ligne de tramway, bus à haut niveau de service…), elle investit 150 millions d’euros dans l’aménagement de pistes cyclables, d’un réseau express vélo et de vélo parcs, dont certains sont sécurisés. Elle finance aussi jusqu’au 31 décembre l’aide à l’achat d’un vélo à assistance électrique qui a séduit plus de 40 000 personnes.
Combinaison gagnante
Portée par cette dynamique, la fréquentation des pistes cyclables s’envole – de +15 % à 20 % par an –, au point que la part du vélo dans les déplacements domicile travail pourrait atteindre 21 % en 2025, d’après les estimations de Vélocité. Soit bien mieux que l’objectif national du plan vélo (9 % en 2024) dans une ville qui se situait en queue du peloton il y a quatre ans. Le fait de pouvoir combiner vélo et tramway a sans doute joué un rôle (non mesuré) dans cet engouement.
Mais un nouvel obstacle à cette complémentarité a surgi. Le forfait mobilités durables, destiné aux salariés pour financer l’achat et l’entretien d’une bicyclette, est en effet annulé pour les agents du secteur public s’ils bénéficient de transports en commun gratuits, selon la loi d’orientation des mobilités. Soit une somme annuelle de 300 euros maximum en moins. De quoi décourager ceux qui souhaitaient se convertir au vélo. Plusieurs villes ayant des transports publics gratuits, la FUB va interpeller les ministères concernés pour tenter de régler le problème.