Emilie Guillou, fondatrice du Zeste en plus, veut relier «les mangeurs» avec leur assiette. «On ne connaît plus celles et ceux qui font pousser nos légumes, déplore l’ancienne ingénieure environnement, qui a beaucoup côtoyé les producteurs. Mon idée de départ, c’est de redonner du sens à l’acte de manger. Cuisiner, c’est l’outil parfait pour sensibiliser et passer à l’action.» Créée au sein d’une coopérative d’activité nantaise, le Zeste en plus diffuse joyeusement des astuces et techniques pour mieux manger, à la fois pour sa santé et pour celle de l’environnement. Cela passe par des cours de cuisine ludiques et accessibles, des actions de sensibilisation, des cycles d’ateliers pour les scolaires ou encore des diagnostics de gaspillage alimentaire dans les cantines.

Que ce soit dans une classe de primaire ou lors d’une session de team building aux fourneaux, l’équipe de la petite entreprise nantaise, deux personnes à l’heure actuelle, met toujours l’accent sur l’expérimentation, loin des grands discours et des injonctions. «L’alimentation, c’est tellement personnel et culturel qu’on ne peut pas tout révolutionner d’un coup mais on peut découvrir que c’est possible de faire autrement et modifier ses habitudes par paliers, en douceur», souligne l’entrepreneuse. L’alimentation durable prônée par le Zeste en plus s’appuie sur cinq piliers. Manger équilibré, même quand c’est sur le pouce et en famille, savoir trouver et préparer des produits locaux et de saison, manger bio (et comprendre ce que ça veut dire) sans se ruiner, diminuer sa consommation de viande en remettant les protéines végétales au goût du jour et réduire ses déchets, en évitant les emballages et en apprenant à accommoder les restes. Parmi les idées glanées auprès des Nantaises, retenez que le pain dur, mixé avec du beurre et du miel puis revenu à la poêle se transforme en une croustillante pâte à crumble.

Le Zeste en plus s’adresse aux collectivités, Nantes Métropole en tête, aux entreprises et aux particuliers. Prochaine étape : toucher les étudiants et lutter contre la précarité alimentaire. Les cours de cuisine ont déjà débuté et un projet de plus grande ampleur se construit en réseau avec différentes associations de la Loire-Atlantique. La structure nantaise n’est pas seule à militer pour l’alimentation durable : elle s’inscrit dans un mouvement baptisé les «Cuisines nourricières».

Ce collectif d’intervenants, dispersés partout en France, revendique une approche culinaire alternative à la culture gastronomique dominante. Une cuisine du quotidien qui se place au cœur des enjeux de transition. Il ne s’agit pas de gagner des étoiles mais plutôt de savoir nourrir tout le monde correctement avec simplicité, efficacité et modestie, dans une économie de moyens, de gestes, mais pas de zestes.