Energie, transports, rénovation durable, végétalisation… En 2023, «Libé» explore la thématique de la transition écologique lors d’une série de rendez-vous inédits. Objectif : témoigner des enjeux et trouver des solutions au plus près des territoires. Cinquième étape à Nantes les 18 et 19 novembre.
Son association, créée en 1991, militait pour la création d’une piste cyclable lors de la construction du pont de Cheviré, en Loire-Atlantique. Las ! Cyclable, il ne l’a jamais été… Mais l’usage du vélo comme moyen de déplacement sur l’agglomération Nantaise s’est transformé en mobilisation revendicatrice. Annie-Claude Thiolat est présidente de Place au vélo Nantes et vice-présidente de la la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB). Comme à Strasbourg (Alsace) et aux Pays-Bas, Nantes a été précurseur pour introduire le vélo comme mode de déplacement. Un premier plan vélo, lancé par Jean-Marc Ayrault (maire PS de Nantes de 1989 à 2012), nourri d’exigences, pétri de suggestions, «qui ne sont pas toujours entendues mais on était alors au début du plaidoyer», constate Annie-Claude Thiolat.
En 2015, Nantes accueille «Vélo City», un congrès du vélo urbain. On y parle expertise de l’usage du vélo. La Fédération des usagers de la bicyclette, qui regroupe plus de 520 associations, y est présente. Place au vélo constitue également une grosse association en France. «A partir de 2015 on est plus écoutés, explique Annie-Claude Thiolat. De contestataires, on est devenus constructeurs, et partenaires de politique publique, avec une véritable écoute de notre expertise d’usage.»
«Manque criant d’anticipation»
Les questions abondent sur le revêtement sur lequel il faut rouler, l’établissement d’une liste des aménagements dangereux ou de ceux qui sont correctement sécurisés, la surveillance du bon état de la voirie, l’utilisation de l’application «Visilo», qui permet de signaler sur son téléphone une incivilité ou un entretien défectueux de la chaussée.
La France a un objectif de 12 % de déplacement à vélo en 2023 (1). Mais il existe des freins essentiels à son développement : le vol, la sécurité, l’absence d’aménagement en site propre, comme les pistes cyclables. «On souhaite éviter le partage du trottoir avec les vélos parce que c’est une zone de conflit, détaille Annie-Claude Thiolat. On ne revendique pas des pistes cyclables dans toutes les rues, mais au moins dans les plus importantes. Il y a un manque criant d’anticipation compte tenu de l’augmentation du nombre de vélos. Il faut trois ans pour réaliser une piste cyclable ! Nous devons inciter plus de personnes à se mettre au vélo, et disposer d’un rôle important sur la mobilité.»
«Meilleure écoute»
Pour Daniel Daoulas, vice-président de Place au vélo, en charge des discussions sur les aménagements avec la métropole, le constat est plutôt positif : «On est dans les dix premières villes en France dans le baromètre des villes cyclables. On a un plan vélo sur la mandature de Johanna Rolland, maire PS de Nantes depuis 2014, qui attribue trente euros par an et par habitant, ce qui est l’équivalent d’Amsterdam, aux Pays-Bas.» «On travaille avec les maîtres d’œuvre et les techniciens de la ville, afin de modifier les circuits et les rendre plus intéressants, poursuit Daniel Daoulas, même s’il y a parfois des loupés, il y a une meilleure écoute dans la prise en compte de nos besoins. Un dialogue direct et positif, assorti d’une vraie volonté d’avancer ensemble pour développer la circulation et déplacement à deux roues.» Et de conclure : «Le vélo redonne de la place au temps qui passe, à la convivialité. Grâce à lui, on se salue, on échange des nouvelles. Il recrée cette relation qu’on a perdue en voiture, chacun étant dans sa bulle. On est au contact des autres usagers de l’espace.»
(1) Seuls 4,5 % des Français amenés à se déplacer quotidiennement pour se rendre sur leur lieu de travail ou d’études déclaraient fin 2021 avoir recours au vélo sur tout ou partie de leur parcours.