Transports, rénovation industrielle, végétalisation… En 2023, Libé explore les enjeux de la transition écologique à travers une série de rendez-vous inédits. Objectif : trouver des solutions au plus près des territoires. La deuxième étape s’ancre à Paris, les 11 et 12 mars à l’Académie du Climat (entrée libre sur inscription). Un événement réalisé en partenariat avec la ville de Paris, le Crédit coopératif, Velux, La Plate-forme d’observation des projets et stratégies urbaines (Popsu), Nowu, le média de l’écologie de France Télévisions et la Fondation Jean-Jaurès.
C’est une nouveauté pour l’agglomération lyonnaise : depuis le 1er janvier 2023, l’eau est officiellement devenue un bien commun public. Après avoir été gérée par le privé, l’eau lyonnaise est passée sous régie publique et suit l’exemple de nombreuses villes françaises dont Paris. Un choix politique qui offre aux villes une adaptabilité sur l’ensemble de l’acheminement de la ressource hydrique, du captage jusqu’à la distribution dans les robinets. Essentiel dans le contexte de réchauffement climatique actuel.
La gestion de l’eau parisienne avait été privatisée en 1985 par Jacques Chirac, alors maire de la capitale. L’eau parisienne fut alors divisée en deux : la rive droite, gérée par la Générale des eaux – devenue Veolia – et la rive gauche, dont la gestion a été accordée à la Lyonnaise des eaux, elle aussi renommée – Suez – entre-temps. Chapeautées par des entreprises privées, la production et la distribution de l’eau jusque dans les robinets des Parisiens voient leur prix dépasser celui de l’inflation en une vingtaine d’années. Sous le mandat municipal du socialiste Bertrand Delanoë (2001-2014), l’eau devient un bien public. Et Paris deviendra la première ville de l’Union européenne à obtenir le label international «Communauté bleue» en 2016.
Une eau potable plus accessible
«C’est un mythe que de penser que la gestion privée est a priori plus efficace : on l’a démontré à Paris», expliquait le 3 janvier, au micro de France Inter, l’ancienne conseillère de Paris Anne Le Strat, qui a piloté le passage de la Ville en régie publique en 2010. «Le coût de l’eau est actuellement inférieur à celui de 2010», précisait-elle (1). L’ancienne élue municipale, encartée chez Europe Ecologie-les Verts, soulignait par ailleurs que la Ville a ensuite été en mesure d’«internaliser les marges» afin de se concentrer sur la qualité du service. Et ainsi rendre l’eau potable plus accessible, en installant des fontaines en libre-service, aujourd’hui au nombre de 1 200, dans les rues de la capitale.
La régie publique de l’eau de ville comporte l’avantage, pour la municipalité, d’avoir la main sur le parcours complet de l’eau, des bassins de captage jusqu’à nos robinets et nos pommeaux de douche. Concernant l’agglomération parisienne, 52 % de la réserve d’eau potable est puisée au sein des nappes phréatiques, les 48 % restant provenant de la Seine et de ses affluents. La question des nappes phréatiques est toutefois devenue un sujet de préoccupation majeur en raison des périodes de sécheresse qui apparaissent de plus en plus tôt dans l’année, prouvant à chacun qu’il n’est plus besoin d’attendre l’été pour réaliser combien la ressource est précieuse.
«Restaurer le cycle naturel»
L’année 2023 a commencé de façon inquiétante avec trente-deux jours consécutifs sans pluie. De quoi alarmer le gouvernement qui a sonné l’alerte dès le 27 février. Le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu, a réuni les préfets des sept bassins versants du pays pour les alerter sur l’année à venir. Il avait, quelques jours plus tôt, présidé le premier comité d’anticipation et de suivi hydrologique de l’année. Fin février, c’est exceptionnellement tôt. A nos confrères du Monde, il a expliqué que «pas un département ne se trouve dans les normes habituelles» de pluviométrie. Les préfets ont été encouragés par le ministre à prendre des arrêtés de restrictions en amont des premiers symptômes de pénurie. Et, pour les villes en régie publique, l’absence d’intermédiaire privé devrait être un facteur d’efficacité.
Car face au dérèglement climatique, un des atouts majeurs de la régie publique est l’adaptation. Lorsque la pluie vient à manquer, il devient indispensable d’avoir un stock. Une solution qui n’a pas échappé à Paris, ville dense confrontée à la suppression des écoulements naturels. La capitale a mis en place le dispositif «ParisPluie» destiné à «restaurer le cycle naturel de l’eau». L’eau de pluie s’est ainsi transformée en outil permettant à la Ville de nettoyer ses sols, d’arroser sa végétation, d’alimenter ses sanitaires, etc. Désormais, la moindre goutte d’eau va compter.
(1) En 2021, dans son rapport annuel, la Ville de Paris annonçait un prix de 3,64 euros le mètre cube d’eau.