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Libération
Place à demain: initiative

A Roubaix, le Labo 148 forge «des outils pour que la parole des jeunes existe»

Aux frontières des pratiques artistiques et journalistiques, le projet média participatif mené avec des jeunes des quartiers populaires permet de créer des espaces d’expression collective.
Une émission radio au Labo 148 à Roubaix. (Julien Pitinome)
publié le 13 janvier 2024 à 6h20

Les 26 et 27 janvier 2024, Libération coconstruit avec les moins de 30 ans Place à demain. Un événement dédié à l’écoute de la jeunesse et ouvert aux débats entre toutes les générations. Une soirée et une journée de rencontres gratuites, au Théâtre du Nord et en partenariat avec la Métropole européenne de Lille, le Théâtre du Nord, la CCI Grand Lille Hauts-de-France, l’université de Lille, la Voix du Nord et BFM Grand Lille. Entrée libre sur inscription.

Né en 2017, le Labo 148 est un projet média participatif. Ses objectifs : «Permettre aux jeunes des quartiers populaires de prendre leur place dans le débat public, leur proposer des dispositifs d’éducation aux médias axés sur la pratique collective, sensibiliser les futurs journalistes au traitement de l’information dans les quartiers populaires et, si possible, rapprocher citoyens et médias traditionnels.» Il est basé dans une ancienne usine textile de Roubaix où l’on étudiait la qualité de la laine. Réhabilité en 2004 par l’architecte et urbaniste Patrick Bouchain, le lieu est un paquebot de 10 000 mètres carrés avec une salle de spectacle.

Julien Pitinome, photographe et coordinateur du Labo 148, organise des stages radios, vidéos et photos ainsi qu’un projet média et artistique en partenariat avec l’Ecole supérieure de journalisme de Lille. Il en détaille les contours.

«Une alternative pour accéder à ces métiers de la culture et de l’art»

«On agit aux frontières des pratiques artistiques et journalistiques, mais on tend de plus en plus vers l’artistique. Nous organisons des saisons sur des thématiques comme l’habitat ou l’exil, le genre ou l’espace public. La production se fait avec France 3 et FabLabChanel autour de séries documentaires baptisées “Un futur désirable”. Une exposition a été montée, ainsi qu’un récit biographique et une installation d’art. C’est un projet hybride. L’an dernier, on a fait un festival à Roubaix entre musique, installation, exposition et performance sur le thème de l’exil. Cette année, en partenariat avec l’INA, on a réalisé des vidéos qu’on a appelées “Pas. Sage”.

«Nous organisons aussi une résidence avec des artistes vidéastes. Je suis photographe, j’ai effectué un travail sur la jeunesse à Roubaix avec quelque 300 portraits. L’idée : aider ces ados à ouvrir de nouvelles portes. Le Fonds régional d’art contemporain, l’Institut pour la photo à Lille y participent. On utilise les méthodes de l’éducation populaire. On fait de la formation, de l’autoformation. Ce sont des outils pour que leur parole existe et ne soit pas confisquée.

«L’intérêt est de comprendre comment rendre visible tout ce travail. C’est important pour les parcours d’insertion, pour pouvoir exprimer des idées, créer des espaces, afin que les jeunes se saisissent de ces lieux culturels.

«Généralement, les gens ne se connaissent pas, ils viennent de milieux et de cultures différents. Nous visons à réduire les écarts entre les personnes. Les jeunes de Roubaix ont des origines sociales différentes, sont issus de quartiers populaires mais pas que. Produire collectivement, leur donner accès à des métiers plutôt élitistes, par d’autres biais, avec d’autres moyens, en leur offrant un accompagnement et des bases solides. C’est une alternative pour accéder à ces métiers de la culture et de l’art. Au final, on rend à ce territoire ce qu’on ne nous a pas offert il y a vingt ans.»