Au loin, on aperçoit des éoliennes. Les bâtiments sont installés sur un ancien terrain agricole, dans un paysage dominé par un immense silo. Ici sont collectés entre 8 000 et 9 000 tonnes de graines – des blés aux tournesols en passant par les haricots, rouges ou blancs – auprès de 180 agriculteurs adhérents. Autour, des champs. Devant, un bâtiment fabriqué avec des douelles de barriques (pièces de bois de chêne qui forment la paroi des tonneaux), à la conception architecturale originale. Le pôle Val Bio Ouest de Saint-Jean-d’Angély, sous-préfecture de la Charente-Maritime, compte douze hectares. A quelques encâblures, une cité médiévale avec maisons à colombage, hôtels particuliers du XVIIe siècle et abbaye romane inachevée… Deux univers.
Le territoire se «cassait la figure depuis cinquante ans», détaille Françoise Ménard, maire (PS) de Saint-Jean-d’Angély, vice-présidente de Vals de Saintonge communauté, et présidente de la commission économie de la région Nouvelle-Aquitaine. La biscuiterie Brossard, des salariés du bois… Depuis 2010, l’agglomération a perdu 2 000 emplois.
Pourtant sur la zone du pôle bio, les camions vont et viennent. A proximité, on aperçoit l’autoroute A10. L’activité est soutenue. Ici, on s’affaire à «valoriser la production bio sur le territoire», expliquent les ingénieures agronomes Estelle Plante, chargée de mission, et Martine Cavaillé, coordinatrice de l’antenne Interbio Nouvelle-Aquitaine. Lancé en 2014, le pôle Val Bio Ouest accueille, conseille et installe les entreprises engagées dans l’agriculture biologique. «Ce pôle d’activité est dédié aux activités de première et deuxième transformations des grandes cultures. Notre ADN est d’y soutenir la valorisation des productions biologiques issues de nos territoires», avance Martine Cavaillé. Chargée de l’animation de Val Bio Ouest, elle assure aussi la coordination d’Interbio Nouvelle-Aquitaine. «L’idée a émergé en 2014 et visait à parler de la filière bio ailleurs que dans des lieux réservés aux négociations commerciales», renchérit Martine Cavaillé. Val Bio Ouest propose ainsi aux entrepreneurs un accompagnement complet au montage de leurs dossiers – permis de construire, raccordement aux réseaux, subventions. Le réseau dispose également de foncier entièrement réservé aux sociétés spécialisées dans le secteur.
Silos, huiliers, minotiers… Le site de Saint-Jean compte quarante salariés au total. «Le contexte du marché bio est compliqué en ce moment, mais la contractualisation garantit les débouchés aux producteurs et une régularité dans l’approvisionnement», assurent les ingénieures qui pointent les avantages de la filière : plus d’emplois que dans l’agriculture conventionnelle et moins de charges en intrants et produits phytosanitaires. Seul bémol : il est cher à produire, ce qui a un impact sur le prix. «Une image compliquée à faire évoluer», reconnaissent les ingénieures.
La zone bio n’est pas le seul atout de la dynamique économique de la région. Toujours tourné vers le bien-être, un projet de station thermale est également en gestation. Confié à l’opérateur Val Vital, il vient d’obtenir l’agrément de l’Académie de médecine. Le dépôt de permis de construire est attendu pour la fin de l’année et l’ouverture est prévue en 2027. «L’idée était de refaire un développement économique productif et de créer un réseau de solidarité pour faire revenir des entreprises, se réjouit Françoise Ménard, qui porte le projet depuis 2014. On prévoit 5 000 curistes par an.»
L’activité thermale va avoir lieu dix mois sur douze. «On va accompagner le développement économique, productif et culturel en centre-ville. Pour les commerçants, les habitants et le territoire, l’espoir renaît, c’est une nouvelle page qui est en train de s’écrire. On reprend notre destin en main», poursuit la maire. Et de souligner le manque de logement pour les salariés, qui devrait être compensé une politique volontariste dans le locatif, privé ou social. Un programme de cinquante chambres studio et la mise en place d’une maison et d’un centre de santé sont également au programme.