Rencontres, débats, Ciné débat et animations pédagogiques... L’édition 2025 du festival «Naturellement!», organisé par la Fédération Biogée du 3 au 5 octobre, aura pour thème «Quelle alimentation pour la santé de demain ?»
«Aujourd’hui, on observe une méfiance envers le bio, alimentée par un manque d’information. Trop souvent, on fait nos courses à l’aveugle, un peu comme si on conduisait sans permis. Nous sommes des analphabètes des fourneaux ! Car dans les rayonnages des supermarchés, on dénombre 400 labels, dont cinq seulement sont officiels : pour le consommateur, c’est la jungle. Il faut donc redire ce qu’est le label bio : on entend parfois “ce n’est pas toujours bon” ou “ce n’est pas toujours local”. Mais le bio ne définit ni le goût des aliments, ni leur origine géographique, mais la manière dont ils ont été cultivés, transformés, c’est-à-dire sans chimie de synthèse (ni herbicides, ni pesticides de synthèse, ni additifs de type aspartame).
«Cinquante substances seulement sont autorisées dans l’agriculture bio, sur les 450 qui sont utilisées par l’agriculture non bio. Et les producteurs bio sont contrôlés au moins une fois par an, par un organisme indépendant agréé par l’état. Ce sont les seuls à l’être autant : le bio, ce n’est pas une étiquette marketing, c’est un label garanti. Et c’est bon pour la santé globale (la nôtre et celle de notre environnement) : les études scientifiques le prouvent. Cela permet aussi de ne pas laisser les zones rurales se désertifier, alors que plus de la moitié des agriculteurs partira à la retraite d’ici à 2030, et que les nouveaux candidats à l’installation souhaitent souvent s’installer en bio.
«Il faut créer un droit au bio ! Mais il ne sert à rien de manger des graines labellisées AB dans son coin si l’eau qu’on boit tous les jours est contaminée. L’objectif n’est pas de convaincre trois péquins de manger 100 % bio. Pour obtenir des résultats, il faut massifier le bio. Rappelons que tant qu’une alternative n’a pas atteint au moins 20 % de la part d’un marché, elle risque de disparaître. Or aujourd’hui, le poids de cette alimentation ne représente que 5,7 % du panier des Français. Par ailleurs, en deux ans, nous avons perdu 110 000 hectares de cultures bio. C’est un réel problème.
«La priorité, l’urgence, est donc d’informer largement le grand public. Le sujet devrait être tous les soirs au JT du 20 heures ! En France, on sait faire changer les habitudes : on a réussi à faire porter des masques aux gens pendant le Covid…
«Aujourd’hui, 10 % des Français sont très favorables au bio, 10 % y sont défavorables et 80 % n’ont pas de position tranchée, soit parce qu’ils n’y pensent pas (un quart de ceux qui n’en consomment pas répondent que c’est tout simplement faute d’y avoir pensé), soit parce qu’ils sont trop justes financièrement. On entend souvent : “Le bio, c’est un truc de riches.” Mais en France, seuls 9 % des foyers les plus riches mangent bio régulièrement. Par ailleurs, les études montrent que quel que soit son budget, la plupart d’entre nous peuvent manger un peu plus de produits bios (et beaucoup plus, concernant les plus riches !), le surcoût étant progressivement absorbé par le changement de pratique.
«Si en tant que citoyen, vous aimez passer vos week-ends, faire votre jogging ou vous balader à côté de champs bios, si vous aimez avoir un agriculteur bio comme voisin, alors en tant que consommateur, il faut encourager son produit et l’acheter.»