Cette année, le Grand Bivouac d’Albertville (dont Libération est partenaire) est placé sous le signe des «identités remarquables». Une thématique que nous détaille Jean-Sebastien Esnault, directeur du festival. «Avant les élections on a assisté à une appropriation de ce débat par le politique. On voulait mettre au centre de la table la question du «Qui sommes-nous ?», en dehors de tout débat frénétique. L’acte de naissance de tout un chacun comme point de départ d’un processus en perpétuel mouvement. J’ai beau naître en Bretagne, cela ne fait pas de moi un Breton. Comment ma trajectoire, mes rencontres, vont-elles contribuer à me construire ? La richesse de l’humanité c’est la diversité. Quels sont les processus qui la fabriquent ?»
Au programme de cette 21e édition, durant laquelle seront projetés plus d’une cinquantaine de documentaires, le directeur du Grand Bivouac cite «le plus évident et le plus piquant, La combattante (sortie au cinéma le 6 novembre), qui détaille la pratique d’une ethnologue, Marie-José Tubiana, accueillant dans son appartement parisien des migrants du Darfour, incapables de justifier leur identité ou d’apporter des preuves des drames qu’ils ont vécus. Elle, par ses connaissances du terrain, réussit à cartographier leur vie et transmettre ces documents à l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et des apatrides), visant à leur forger une identité administrative.»
Un second film, Eskape, conte l’histoire d’une réalisatrice franco-cambodgienne, époque post-khmer rouge, réfugiée en France. Qui est-elle ? Le film essaie de reconstituer sa vie à travers les parcours de ses parents. «Comment suis-je sur terre ? Dans quelles conditions ? C’est une forme de psychanalyse et de catharsis familiale. On essaie d’obtenir des clés pour construire sa propre identité et celle de ses enfants. La réalisatrice a posé sa caméra au milieu de ses proches. Ses films ont transformé sa vie. Son père, qui a été victime des bourreaux du régime, a accepté de partir sur les traces de ses tortionnaires.»
On pourra enfin citer Srilandaise, qui retrace l’histoire d’une jeune femme adoptée par une famille landaise qui repart sur les traces de sa mère biologique au Sri Lanka. Ou encore l’étonnant Boréalis, documentaire traitant de «l’intelligence réelle de la forêt. Comment les forêts, à travers le monde communiquent entre elles ? De quelle façon les arbres se parlent-ils ?» ou encore, sur un thème voisin, la Symphonie des arbres, contant l’histoire d’un luthier qui essaie de retrouver l’arbre qui va lui permettre de fabriquer l’équivalent d’un stradivarius, le bois qui sublimera le son du violon…