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Rencontre

«Avec le matériel, on skie plus rapidement et c’est bien plus facile»

Ecrire, dessiner, filmer, guider… Rencontres avec des amoureux des cimes qui racontent leur passion. Aujourd’hui, Antoine Sarazzin et Jean-Michel Zucchi, moniteurs de ski.
A La Plagne. (Toms Auzins/Robertharding. AFP)
publié le 7 avril 2024 à 0h47

Antoine Sarazzin est moniteur à La Plagne, dont le domaine Paradiski (avec Les Arcs) fête ses 20 ans cette année. Il a commencé à enseigner le ski voilà douze ans. Le matériel a, selon lui, beaucoup évolué en une décennie, d’abord avec les skis très larges mais aussi avec les remontées mécaniques, au «débit de malade» comme ces remontées télécabines du glacier, qui défilent à six mètres par seconde. «Parallèlement on a assisté à l’abandon des téléskis, qui ne se fabriquent plus depuis vingt ans », explique le moniteur. Pour faire grimper neuf cents personnes par heure, il aurait fallu en aligner trois côte à côte…

Sur le problème du réchauffement, «l’impression est que les précipitations ont tendance à se décaler légèrement. On peut faire du ski au mois de mai. La dernière semaine d’avril, l’an dernier, on avait des conditions identiques à celle de janvier : du froid, la neige qui tombait, très souple et aérée. On n’a pas envie de se dire que cela va s’arrêter. Quand j’entends des moniteurs dire qu’il n’y a pas d’avenir dans ce métier-là, j’ai du mal à y croire. On a des canons et je pense qu’il fera toujours assez froid pour produire de la neige».

Jean-Michel Zucchi a commencé à enseigner le ski en 1978. Ce moniteur des Arcs, a vu évoluer les remontées mécaniques, «des télésièges qui ne sont désormais plus en bois, mais parfois munis de sièges chauffants, avec des bulles pour protéger quand il y a du vent. Avec le matériel, on skie plus rapidement, et c’est bien plus facile. Les skis sont plus petits qu’avant, plus courts, pas taillés de la même manière. Les pistes sont très bien préparées. Les gens descendent plus vite sans se rendre compte de leur vitesse, ce qui est un problème en soi».

Il note des comportements un peu limite, par exemple de skieurs arrêtés sous une bosse. «Quand tu leur fais une réflexion, même si tu es pisteur ou moniteur, ils te répondent comme à un chien. Je concède facilement qu’on ne détient pas la vérité, mais on est aussi là pour conseiller. La montagne ressemble, pour les gens qui y ont accès, à un parc d’attractions, où tout est accessible facilement. Une petite formation serait nécessaire, même si les pisteurs se trouvent déjà à des carrefours et donnent des conseils de sécurité».

«Les accidents ? On en voit régulièrement. On a des collègues qui se sont fait percuter. Le monde a changé, mais le problème, c’est bien qu’on cherche un responsable à tout. Une bosse mal négociée ? Le responsable de la station peut finir au tribunal. C’est aux gens de se responsabiliser. On va certainement arriver à faire des spots d’information comme à la télévision pour les comportements sur la route».