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Libération
Climat Libé Tour Marseille : tribune

Benoît Payan : contre la pollution à Marseille, il est urgent d’agir

Pour lutter contre les particules fines qui font suffoquer la ville, il faut instaurer une zone à faibles émissions maritime pour que les plus gros pollueurs, comme les paquebots de croisière, prennent leur part dans les engagements écologiques, estime le maire.
Un paquebot de croisières dans le port de Marseille, le 11 décembre. (Gerard Bottino/SOPA.Getty Images)
par Benoît Payan, maire de Marseille
publié le 14 décembre 2023 à 12h39
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La crise écologique n’est pas un effet de mode. Certains responsables politiques, longtemps indifférents, distants, prennent la mesure de l’urgence. Face à cette crise plurielle du climat, de la biodiversité, de la pollution, qui s’ajoute aux crises financières, sociales ou humaines, des voix fortes s’expriment pour agir, et vite.

A Marseille, le retard est criant. Pendant des décennies, la ville s’est construite en ignorant les défis d’avenir et l’évolution d’un monde qui se réchauffe. Là où les contraintes d’un monde en transition appelaient à plus d’espaces verts, Marseille s’est bétonnisée. Quand l’urgence de mobilité sobre appelait au développement de transports en commun viables et efficaces, Marseille a construit des autoroutes au lieu de métros et de trams. Elle s’est construite à rebours de son siècle : nous voulons la remettre sur son chemin.

Territoire méditerranéen pilote

A Marseille, les bateaux de croisière amarrés au port crachent leurs fumées aux poumons des habitants des quartiers Nord de la ville. Il est temps de prendre la mesure des dangers et de l’injustice que cela représente. Les maladies chroniques qui se développent en lien immédiat avec les particules fines sont nombreuses. Lutter contre la pollution, c’est sauver les femmes et les hommes qui en souffrent dans leur quotidien et dans leur vie.

Pourtant, Marseille est une ville qui concentre une diversité d’atouts et de richesses qui lui donnent la capacité à être un territoire méditerranéen pilote en termes de transition écologique. Forte de cette conviction, jamais la ville de Marseille n’avait autant agi que depuis trois ans pour lutter avec force et ambition contre le réchauffement climatique et les inégalités liées à la crise écologique.

ZFE maritime

Mais pour pouvoir agir, Marseille a besoin de s’attaquer aux gros pollueurs. On ne peut se satisfaire de la zone à faibles émissions (ZFE) imposée aux Marseillaises et aux Marseillais. Cette dernière est injuste dans sa mise en œuvre tant elle n’accompagne pas les personnes touchées en leur proposant des alternatives. C’est un poids pour les classes populaires, tributaires de la voiture et souvent premières pénalisées. Par ailleurs, cette ZFE ne traite qu’une partie du problème. Pendant que les uns sont pénalisés, les grands pollueurs que sont les paquebots continuent de cracher des émissions qui représentent une majorité de la pollution sur notre ville. Marseille suffoque.

C’est pour cette raison que nous souhaitons instaurer au plus vite une ZFE maritime à Marseille, afin que tous les acteurs prennent part à cet effort nécessaire et vital. A l’heure où la France vient de prendre des engagements internationaux ambitieux à la COP28 sur la sortie des énergies fossiles, elle ne peut continuer à laisser ses ports et habitants être pollués au quotidien. Les Marseillais n’ont plus le temps d’attendre.