Innovation, changement climatique, intelligence artificielle, éco-anxiété : comment mieux réparer sa santé ? Rendez-vous à Rouen et à Caen, les 30 novembre, 1er et 2 décembre 2023 au MoHo avec le LibéCARE pour débattre avec médecins, intellectuels et experts.
Je pose par écrit cette notion de liberté pour m’interroger sur ce qu’elle comporte : est-elle une notion limitée ? A soi, à ses valeurs, à ses souhaits de vie ? Dans ce cas, comment garantir le respect de cette liberté pour autrui ? Aller et venir, faire des choix, décider sont alors des grands axes pour en délimiter les contours.
Comment être totalement sûre que nous proposons aux personnes âgées un accompagnement respectueux de leur liberté ? En quête de philosophie de soin comme socle, nous avons opté il y a quelques années, pour une approche centrée sur la personne : la méthode Montessori.
Cet accompagnement a débuté au sein d’une de nos unités pour personnes souffrant de la pathologie d’Alzheimer. Les agents, ainsi que l’encadrement, se sont lancés dans cette aventure. L’abandon de la tenue professionnelle a été le premier défi que nous nous sommes lancé : «tomber la blouse» a été symbolique et marquant. En effet, ne plus être identifié par un uniforme, identité professionnelle des soins, a été parfois difficile à accepter par les soignants. Une acculturation a été nécessaire pour incarner cette nouvelle identité. Il était essentiel d’adopter une posture d’accompagnant et non plus de soignant.
Dès les premiers temps, une plus grande proximité est remarquée ; la distance relationnelle entre les habitants et les agents est modifiée. Les agents sont davantage à l’écoute des besoins des habitants et proposent des soins d’accompagnement de plus en plus personnalisés comme des bains thérapeutiques l’après-midi, pour offrir du temps de relaxation. Ainsi, progressivement, les soignants sont devenus des facilitateurs de vie. Les Ehpad ne sont plus des lieux de soin mais des lieux de vie. Les personnes âgées sont des habitants, non plus des résidents, habitant véritablement dans l’Ehpad.
Au cœur des décisions les concernant, les habitants prennent leur place dans les organisations. Ils accueillent désormais les nouveaux arrivants, participent au comité des habitants et n’hésitent plus à donner leur avis.
Etre acteur de sa vie, c’est aussi choisir les personnes qui vont intervenir pour nous accompagner. Les habitants participent aux entretiens de recrutement des nouveaux professionnels. Accompagné de l’encadrement, l’habitant peut ainsi exprimer ce qu’il attend des professionnels qui vont travailler auprès de lui et participer à la sélection du nouvel agent choisi. C’est une manière de reconquérir une place et un rôle social dans cette «mini-société» qu’est l’Ehpad.
Solliciter ce qui est en vie chez chaque personne âgée prend également forme dans la possibilité de choisir ce qu’elle mange lors des repas. Stimuler l’appétit, favoriser le lien social lors du repas partagé, permettre de participer activement (mettre la table, distribuer le courrier) sont autant d’occasions de retrouver un pouvoir de contrôle sur son existence.