Comment bien se soigner, bien vivre, bien vieillir ? Rendez-vous à Caen, les 9 et 10 décembre au MoHo avec le LibéCare pour débattre avec médecins, intellectuels et experts. En attendant l’événement, réalisé en partenariat avec la région Normandie, la MGEN et l’ADMD, Libération publiera dans un espace dédié articles, tribunes et témoignages.
«Mon premier cancer, je l’ai eu à 27 ans. C’est un lymphome qui m’a fait entrevoir à quel point les malades étaient pris en considération du point de vue médical mais pas humain. Puis j’ai eu un cancer du sein, quinze ans plus tard. Les choses n’avaient pas beaucoup changé. La vie sociale, les paramètres humains pour les malades et pour leurs proches n’étaient pas pris en compte. Il fallait créer un lieu d’accueil pour familles et les malades en leur proposant des activités, des sorties et des événements.
«Le département de l’Eure est le premier désert médical de France. Les statistiques de personnes touchées par le cancer y sont supérieures au niveau national. Nous avons un local à Criquebeuf-sur-Seine (Calvados), où Corinne et moi sommes coordinatrices. Un planning y figure avec des activités animées par des bénévoles. Il y a de la sophrologie, du sport adapté, de l’art-thérapie, des balades en bord de Seine, un café «papote», des partages de repas… On a participé à la réintégration de personnes en situation de handicap, organisé des mi-temps thérapeutiques ou des retours à l’emploi. Le cancer concerne beaucoup de monde. 1 000 personnes chaque jour apprennent qu’elles ont un cancer, 400 en meurent chaque jour – c’est la première cause de mortalité en France.
BD
«La difficulté reste le regard d’autrui. On fait partie d’une société qui attend des salariés qu’ils soient toujours dans la performance. Or, le retour après une maladie ne se fait pas dans les mêmes conditions que celles qu’on avait au départ. On a perdu du dynamisme, des compétences, des facultés. On ne peut pas forcément être bien perçu par des managers qui, par méconnaissance ou pudeur, ont du mal à poser certaines questions.
«Le cancer fait peur à tout le monde. Les malades qui reviennent à temps partiel culpabilisent. Les droits ne sont pas connus, les démarches administratives complexes. C’est important de faire de la prévention, intervenir dans une entreprise sur le retour à l’emploi, accompagner les malades. Avec l’association, ces derniers pourront combler ce sentiment d’inutilité. On va aménager des temps où ils partageront leurs savoirs, s’impliqueront dans la vie associative…
«On souhaite également proposer des aides pour les aidants, ne pas faire trop de place au cancer, penser à autre chose, s’occuper et ne pas perdre son humanité, rompre l’isolement social.»