Alimentation, consommation, sobriété énergétique… En partenariat avec le musée des Arts et Métiers, à l’occasion de l’exposition «Empreinte carbone, l’expo!», retour à travers l’histoire des techniques et des innovations sur les moyens d’inventer un développement durable.
Cédric Carles, «designer fédérateur d’énergies» comme il aime à se qualifier, travaille depuis longtemps sur la question des modes de vie et leurs impacts sur la planète. Fondateur de l’atelier 21, un laboratoire citoyen qui lutte pour faire avancer la transition énergétique, ce passionné de sciences et techniques, mi-artiste, mi-ingénieur, a mis son savoir-faire dans des projets visant à plus de sobriété.
A l’image de ce touche-à-tout, son parcours est pluriel : côté mer, il a effectué une vingtaine d’années de plongée sous-marine et constaté la dégradation de la biodiversité en Méditerranée. «C’est choquant de voir la Méditerranée polluée, à quel point elle s’est transformée en poubelle, une mer nourricière entourée d’hyper-constructions sur les côtes. On y rejette les eaux usées, ce qui est révoltant. On sait pourtant qu’il est possible de faire autrement. On dispose de solutions pour diminuer nos impacts ! Mais on continue à balancer des dizaines de tonnes de plastique.» Côté terre, il a grimpé des sommets en Suisse, travaillé avec des experts du Giec pour une exposition nommée «Energy and Climate», s’est sensibilisé à la fonte des glaciers et à l’enneigement qui baisse.
«Tous les voyants sont au rouge : la biodiversité, l’eau, l’alimentation, les polluants. Bien sûr, il y a Hugo Clément, mais c’est une trop petite échelle. Les acteurs de l’écologie sont atomisés en petits groupes !» Et de poursuivre : «Que fait l’éducation nationale ? Et le pape avec son encyclique ; il n’a donc pas eu les rapports sur son bureau ? Les populations sont en danger, la biodiversité aussi. Il y a un manque d’information ; et la transition écologique est instrumentalisée par des Donald Trump ou CNews».
Il voudrait accélérer l’information, trouver de nouveaux outils de formation, motiver, former, mobiliser… Il souhaite interpeller l’éducation nationale. Mais, selon lui, la machine ne bouge pas, l’éducation à la sobriété écologique est trop absente des manuels. «Le souci, quand on regarde les programmes scolaires, de la primaire à la terminale, c’est qu’on n’interroge pas nos modes de vie».
Car pour Cédric Carles, le problème est avant tout politique. «Idéologiquement on ne veut pas que cela rentre dans la tête des gens. Un euro investi dans un logement pour le rendre plus sobre écologiquement pourrait pourtant faire gagner cinq euros à la société. Mais l’establishment fait la sourde oreille et se contente du greenwashing. Or, ils auraient la capacité d’appuyer sur le champignon».
L’atelier 21.org dispose d’une myriade de projets, comme ces sonos fonctionnant à l’électricité solaire le jour et musculaire la nuit, grâce à des vélos équipés de génératrices. On peut aussi recharger les piles alcalines, une technologie loin d’être anodine quand on sait qu’une pile sur deux se retrouve dans la mauvaise poubelle et que le marché pèse onze milliards d’euros… «Il faudrait légiférer sur ce qu’on peut faire de ces réserves de métaux mondiaux, appuie le designer. Les problématiques sont politiques et non pas matérielles. La sobriété consiste à produire avec l’existant. On ne jette pas une voiture, on la transforme.»
«Je suis convaincu que le monde de demain sera constitué à 90 % du monde d’aujourd’hui. En revanche, ce sera davantage un monde de maintenance qu’un monde d’innovations. Pour répondre à la crise climatique, il va falloir mieux utiliser les technologies existantes, en délocalisant et en partageant davantage les savoirs et les capitaux, en adoptant des modes de consommation plus sobres, et en travaillant peut-être moins», ajoutait-il il y a un an dans une interview au journal La Croix.
Tout n’est donc pas perdu veut donc croire cet éternel optimiste. A condition de savoir écrire un récit positif. Et de ne pas hésiter à prendre son bâton de pèlerin pour prêcher la bonne parole. Prochaine étape ? Dans le Lot, le 25 octobre à Marminiac.