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Libération
Au fil de la journée

Climat Libé Tour à Marseille : «L’écologie des graphiques, l’écologie des courbes, ça ne marche pas»

Retrouvez les interviews, reportages et verbatims récoltés à l’occasion de l’étape marseillaise du Climat Libé Tour 2024.
Au Climat Libé Tour de Marseille, ce samedi. (Patrick Gherdoussi/Libération)
publié le 19 octobre 2024 à 11h52
(mis à jour le 19 octobre 2024 à 19h47)

Jeunesse, biodiversité, justice, décolonialisme… Pour sa cinquième étape de l’année, à Marseille, le Climat Libé Tour de Libé a organisé samedi sa série de rencontres sur l’articulation entre écologie et quartiers populaires, entre luttes pour l’environnement et luttes contre les inégalités sociales. Retrouvez nos interviews, reportages et prises de parole fortes.

19h40

Féris Barkat de Banlieues climat : «On est partis du constat que l’écologie ne nous ressemblait pas»

Le jeune activiste, fondateur de la première Ecole populaire du climat, évoque à l’occasion du Climat Libé Tour à Marseille son envie d’utiliser l’éducation pour «que les premiers concernés s’approprient la question» de l’écologie. Lire notre interview

19h25

Flore Vasseur : «Le fait d’avoir toujours opposé les générations sur l’écologie est une erreur absolue»

Pour l’écrivaine, journaliste et cinéaste, présente au Climat Libé Tour ce samedi 19 octobre, il est urgent de se réconcilier pour relever les défis du climat. Lire notre interview

19h10

«L’écologie bourgeoise fait basculer des parties entières des classes populaires vers l’extrême droite»

Auteur d’un essai fustigeant notamment l’écologie du spectacle, le spécialiste des questions climatiques Clément Sénéchal revient sur l’urgence de retravailler la question écologique à partir des inégalités réelles. Lire notre interview

18h20

Dans les discours sur l’écologie, «on constate une absence notoire de la parole des peuples non-blancs»

«Il faut repenser complètement ce qu’on entend par écologie», pose Malcolm Ferdinand, qui inaugure la table ronde «La nouvelle écologie sera-t-elle décoloniale ?». Le chercheur au CNRS et auteur du livre Une écologie décoloniale, rappelle les origines racistes de l’écologie, et appelle à «renverser la focale», en cessant de se demander comment amener l’écologie dans les quartiers populaires, laissant à la place parler les personnes que l’on n’entend pas. Dans les discours sur l’écologie, dit-il, «on constate une absence notoire de la parole des peuples non-blancs, anciennement colonisés, anciennement esclavagisés». Une question sur laquelle «le mouvement écolo, et spécifiquement le mouvement écolo français, doivent s’interroger». Par Camille Paix

18h06

«Financièrement, c’est compliqué d’être écolo»

Dans les couloirs du Climat Libé Tour, nombreux sont ceux qui mettent l’écologie de côté, au quotidien, pour des questions de budget. «Financièrement, c’est compliqué, aujourd’hui, d’être écolo.» Pour Cléa, qui travaille dans le secteur de la cosmétique biologique, les solutions les moins chères sont rarement les plus écologiques. «Un des exemples concrets, c’est l’avion. J’aimerais bien prendre le train plus souvent mais, en France, c’est super cher parce que c’est taxé. Alors que l’avion ne l’est pas.» Elle illustre son propos d’une expérience vécue : «Le trajet Nantes-Marseille coûtait 77 euros en train contre 30 en avion, donc la question ne s’est même pas posée : j’ai pris l’avion.» Par Chahrazed Boudani

17h50

«L’écologie peut se vivre plus facilement à la campagne»

Du côté des citoyens présents aujourd’hui au Mucem, on estime que l’écologie n’est pas toujours accessible. Certains se retrouvent parfois bloqués dans leurs démarches. «Les actions qui sont proposées ne me conviennent pas trop, c’est pas super convaincant», estime Emilien, enseignant de 39 ans. «Localement, l’action climatique à Marseille, c’est pas évident. Il y a des activités pour lesquelles je m’étais inscrit, mais l’impact ne me semblait pas fou. Je pense que l’écologie, ça peut se vivre plus facilement à la campagne. On peut y faire des choses qui sont pas politiques directement. Par exemple planter des arbres et récolter soi-même. En appartement, en étant citadin, c’est plus compliqué.» Par Chahrazed Boudani

17h20

Dans l’Yonne, entre Saint-Ouen et Marseille, «on parlait de désenclaver les quartiers en utilisant les vélos»

Ayoub, un jeune qui a traversé la France, de Saint-Ouen à Marseille, à vélo, est présent dans la salle. Il se lève sous les applaudissements. «Ce périple, c’est plusieurs jeunes qui viennent de plusieurs villes. Ce qu’on a fait, c’est que pendant deux semaines, on a rencontré des acteurs de terrain, des associations, une école…» Il ajoute : «Lors d’une étape, on s’est arrêté dans un quartier populaire dans l’Yonne, en plein milieu de la campagne. On a fait une sorte d’apéro, les habitants commençaient à être intéressés et à la fin on a fait une fête. C’est pour ça que je trouve qu’il y a un lien entre l’écologie et le social. On parlait de désenclaver les quartiers en utilisant les vélos.» Par Chahrazed Boudani

17h10

Féris Barkat : «Je leur ai fait croire qu’il y avait un tournoi de foot»

A quelques jours de l’ouverture de son école, l’Ecole populaire du climat, à Saint-Ouen, Féris Barkat explique qu’il arrive à intéresser les jeunes par trois moyens : «Je l’avoue, en premier, je leur ai un peu menti, je leur ai fait croire qu’il y avait un tournoi de foot. Mais très vite ils ont compris qu’ils allaient passer huit heures avec moi en formation. Ils râlent mais à la fin ils ont été super contents.» Il poursuit : «Après, il y a la méthode par les paires. Quand des personnalités mythiques du rap, comme Sefyu, passent la matinée avec nous, ils s’identifient. On se ressemble, c’est plus facile. Le troisième moyen, c’est la forme, comme le périple Saint-Ouen-Marseille à vélo qu’on a organisé. Je leur ai dit : “Venez on fait dix jours de vélos ensemble et on rigole.” Ça s’est bien passé, on s’est marré, on a parlé d’alimentation… C’est comme ça qu’ils commencent à apprécier ce qu’on leur propose.» Par Chahrazed Boudani

16h55

«L’écologie, on a l’impression que c’est un mot qui ne peut sortir que de la bouche des bobos»

Avec son amie et modèle Cheyreen Gherab, la photographe Yohanne Lamoulère aborde, à l’occasion du Climat Libé Tour, la place des quartiers populaires marseillais dans les enjeux écologiques locaux. Lire notre interview.

16h40

«Quel langage doit-on utiliser pour ne pas être hors de ceux qu’on veut représenter ?»

Lors de la quatrième table ronde de la journée, Féris Barkat, cofondateur de Banlieues Climat, revient sur le combat qu’il mène pour rendre l’écologie populaire. «On se pose la question tout le temps : quel langage doit-on utiliser pour ne pas être hors de ceux qu’on veut représenter ?» Lui, son objectif, c’est de se faire comprendre par tous. «Il faut qu’on maîtrise le fond, pour être dans l’alignement avec le dominant, poursuit-il. On va connaître et maîtriser les termes sinon on sera jamais à leur hauteur, on ne sera jamais pris au sérieux. Mais au niveau de l’identité, on va rester nous-mêmes.» Par Chahrazed Boudani

16h30

DJ Djel et Salomé Saqué : «L’écologie populaire, c’est l’écologie du futur»

La protection de l’environnement concerne tout le monde, mais tout le monde n’a pas les moyens d’agir en sa faveur. Salomé Saqué, journaliste, et DJ Djel, musicien, ont échangé pour Libé sur la nécessité de mener le combat écologique en parallèle de la lutte pour plus de justice sociale et d’égalité. Lire notre interview.

16h20

«L’écologie des graphiques, l’écologie des courbes ça ne marche pas»

«C’est pas les gens qui sont éloignés de la lutte écologique, c’est la lutte écologique qui est éloignée des gens.» Du haut de ses 21 ans et derrière son petit sourire timide, Amine Kessaci, étudiant et président de l’association Conscience, qui s’engage auprès des jeunes dans les quartiers Nord de Marseille, termine en beauté la table ronde «S’engager n’est-il qu’une affaire de jeunes ?» en appelant à une écologie concrète et consciente des enjeux de terrain. «A un moment, il faut qu’on arrête de demander les choses, il faut qu’on les impose, dit-il. C’est pour ça que je crois beaucoup à la convergence des luttes : justice sociale et justice environnementale, les deux sont liés.» «Il faut que les écologistes prenne conscience que l’écologie des graphiques, l’écologie des courbes ça marche pas», insiste-t-il : «Si on fait pour nous sans nous c’est qu’on fait contre nous. La clé de tout, c’est les gens.» Par Camille Paix

16 heures

De l’importance de diffuser les informations sur l’écologie

Petit manuel des dîners de famille : à rebours de ceux distribués par Total énergies à ses employés en décembre 2023, Salomé Saqué conseille au public d’utiliser le moment convivial pour engager un dialogue. «Si on a la chance de ne pas avoir d’homogénéité de pensées dans le cercle familial, c’est là qu’il faut diffuser des informations sur l’écologie», estime-t-elle. Par Lola Faoro

15h40

Retrouvez en images le spectacle de (La) Horde

15h20

«Le bonheur, ce n’est pas consommer»

L’amphi est plein pour assister à la conférence : «S’engager n’est-il qu’une affaire de jeunes ?». Le public, plus jeune, est au rendez-vous. Certains ont vu la story de Salomé Saqué sur Instagram et n’ont pas hésité. Moins nombreuses, les anciennes générations s’installent aussi. Flore Vasseur, autrice et réalisatrice explique que la problématique environnementale n’est que «le symptôme d’un seul problème : le système économique dans lequel on est». Elle poursuit : «L’idée de performance infuse notre société, et nous pousse à consommer.» Lorsqu’on lui oppose l’idée que la transition écologique serait synonyme de «vivre moins», Flore Vasseur, réalisatrice entre autres de Et si les enfants changeaient le monde ? (2016) répond fermement : «C’est tout l’inverse. Le bonheur, ce n’est pas consommer.» Par Lola Faoro

15 heures

«Si on était tous informés, on irait plus vite»

«Mon combat c’est celui de l’information», martèle Salomé Saqué. Lors de la table ronde «S’engager n’est-il qu’une affaire de jeunes ?», la journaliste et autrice de Sois jeune et tais-toi explique que si le besoin d’une écologie populaire est une évidence, c’est par l’information que passera la mobilisation. Face à l’urgence, «le plus gros défi auquel on fait face, c’est celui de la désinformation, de la saturation d’information», dit-elle. «Quand les gens se sentent en responsabilité, ils agissent en conséquence. Si on était tous informés, on irait plus vite.» Par Camille Paix

14h45

La redécouverte du ruisseau des Aygalades, «véritable personnage» de Marseille

Les 17 kilomètres du cours d’eau relient Septèmes-les-Vallons à la Méditerranée en passant par les quartiers Nord. Canalisé, couvert, délaissé, il revit peu à peu grâce à des associations attachées à le revaloriser. Lire notre reportage

14h25

Au marché de la Viste à Marseille, «on a eu l’idée de valoriser l’alimentation durable et accessible à tout le monde»

Le centre social Del Rio, en partenariat avec plusieurs associations, a mis en place ces dernières années un approvisionnement régulier en fruits et légumes de qualité, à un prix accessibles aux habitants ayant des revenus précaires. Lire notre reportage

13h50

«C’est simple, il faut plus de verdure, moins de voitures et plus de tramway» : quand des enfants inventent le Marseille de demain

Cinq classes de CM1-CM2 se sont retrouvées le temps d’une journée, vendredi 18 octobre, à la Citadelle de Marseille dans le cadre du Climat Libé Tour, pour réfléchir à une planète plus verte. Notre reportage.

13h35

Mal-logement : «Les luttes des habitants sont déjà une revendication écologique»

La lutte contre le mal-logement à Marseille, enjeu social, revêt également un aspect par définition écologique, et opposer les deux sujets n’a dès lors pas de sens, plaide le sociologue Kévin Vacher. Lire sa tribune.

13h15

Pour faire bouger les choses, «résistance», «alternatives» et «bataille culturelle»

Lors de la conférence portant sur le thème des imaginaires, une femme du public interroge les intervenants sur les façons de faire basculer «le système prédateur» dans lequel nous vivons. «Il faut agir sur trois leviers : d’abord la résistance, en s’interposant devant les bulldozers, les bétonneurs… Tout ce qui relève de l’activisme, avance l’autrice et militante écologiste Corinne Morel-Darleux. Puis l’alternative, ce qui préfigure le monde tel qu’il pourrait exister différemment. Enfin, la bataille culturelle : faire évoluer les mentalités en proposant d’autres récits et imaginaires. Il est essentiel de faire bouger les trois en même temps : on ne peut pas transformer le système seulement en changeant nos récits.» Par Maud Mathias

12h45

«Les vrais coupables, ce ne sont pas les gens qui prennent la voiture pour aller travailler»

Lors de la deuxième table ronde de la journée, intitulée «A quoi tenons-nous vraiment ?», l’autrice Corinne Morel-Darleux débat avec Hadrien Bels, auteur. Elle rappelle qu’il «est important de ne pas se focaliser uniquement sur les individus, qui évoluent dans un système capitaliste dans lequel on n’a pas tous les mêmes possibilités de choix en matière de comportement. Il est évident qu’on ne peut pas tous mettre en place les mêmes écogestes». Il est d’après elle essentiel de combiner éthique personnelle et politiques publiques. Elle donne l’exemple de la mobilité : «Dans le petit village de montagne où j’habite, sans voiture, on ne peut rien faire. L’enjeu, selon elle, se situe au niveau «des politiques publiques et des grandes entreprises, qui ont de vraies marges de manœuvres. Les vrais coupables, ce ne sont pas les gens qui prennent la voiture pour aller travailler, mais les grandes compagnies pétrolières qui ne tiennent pas compte des rapports scientifiques qu’elles ont pourtant entre les mains». Par Maud Mathias

12h30

A Marseille, la ferme urbaine du Talus veut «créer un lien» avec la cité d’Air-Bel

Installé au pied du quartier populaire d’Air-Bel depuis 2018, ce tiers lieu écolo tente de lier justice climatique et justice sociale. Lire notre reportage.

12 heures

«Chez nous, [dans les quartiers populaires,] on n’appelle pas ça de l’écologie, on appelle ça le quotidien»

Cheyreen Gherah, habitante du 15e arrondissement de Marseille, souligne les efforts écologiques qu’elle observe chez elle. «Dans les quartiers populaires on est écolo au quotidien. Les familles précaires sont souvent écolos, par l’économie d’énergie, par la réutilisation. Pas sous la forme d’une voiture électrique ou de l’utilisation d’un compost. Chez nous on n’appelle pas ça de l’écologie, on appelle ça le quotidien.» Mais selon elle, les collectivités territoriales ont leurs torts : «On rejette souvent la faute sur ceux qui jettent, mais ceux qui ramassent il n’y en a pas beaucoup. C’est aussi à la ville de gérer ça, chacun doit prend sa part de responsabilité. Les entreprises ont la leur également. Mais c’est un peu en train de changer.» Par Chahrazed Boudani

11h45

Pour Dj Djel, «à leurs échelles, les populations pauvres sont déjà écolos»

Lors du premier débat de la journée, les intervenants s’interrogent sur les représentations des et dans les quartiers populaires. «On a tous une image de l’écolo type, lance DJ Djel, de la Fonky Family. Les lunettes rondes, le vélo électrique, cette image qu’on nous a vendu depuis longtemps, mais l’écolo est partout.» Il poursuit : «Il ne faut pas en faire un premier de la classe, il faut le rendre populaire, le rendre accessible à tous. Aujourd’hui, c’est vu comme un moyen bourgeois de l’être. Sauf que tout le monde l’est un peu. A leurs échelles, les populations pauvres sont déjà écolos, c’est pas une question de poubelle jaune, verte ou bleue.» DJ Djel revient également ce qu’il a changé : «Moi, j’ai changé mon mode de vie, petit effort, pas petit effort, on arrive à changer les choses. A force de voir la ville sale et pourtant belle j’ai voulu changer. J’ai voyagé, j’ai vu les autres villes, je me suis dit que je voulais faire des efforts. Je n’ai pas tous les moyens, je ne suis pas le meilleur élève.» Et d’asséner, sur le rôle néfaste du consumérisme : «C’est compliqué de faire un effort quand on a une publicité qui nous pousse à consommer.» Par Chahrazed Boudani

11h15

«L’écologie populaire, c’est celle du quotidien»

Aïcha Hattab a lancé une association pour réunir les habitants de son quartier et faciliter des actions pour rendre la vie plus facile et saine. Une façon de refuser que l’écologie soit l’apanage des plus aisés. Lire sa tribune

10h45

Dans la zone industrielle de Martigues, on traque le lichen pour évaluer la qualité de l’air

Sur le GR 2013, au cœur de la métropole d’Aix-Marseille, des associations organisent des randonnées écologiques lors desquelles les promeneurs partent à la recherche de ces organismes sensibles à la pollution. Lire notre reportage.

10h30

(La) Horde : «Attaquer n’est pas un mot suffisant pour expliquer ce que la danse peut faire»

Pour l’étape marseillaise du Climat Libé Tour, le jeune collectif chorégraphique (La) Horde, à la tête du Ballet national de Marseille depuis 2019, et ses danseurs, ont donné vendredi, la veille des débats, une représentation à la Citadelle d’une pièce adaptée de leur succès Room With a View, mis en musique par le compositeur Rone. A cette occasion, Libération s’est entretenu avec Arthur Harel et Marine Brutti, créateurs de (La) Horde avec Jonathan Debrouwer. Au nom du collectif, ils évoquent leur rapport au pouvoir et à la légitimité, l’accessibilité de l’art et la lutte sociale et écologique à travers le corps. Lire notre interview.