A l’instar de l’exploitation forestière, des polluants, de l’agriculture intensive, la lumière de nos lampadaires et de nos vitrines ainsi que le bruit de nos voitures et de nos villes perturbent gravement nos écosystèmes et notre santé. Comment sortir notre vue des écrans et nos oreilles du brouhaha ? Rencontre avec Jérôme Sueur, écologue et acousticien.
Qu’est-ce que l’éco-acoustique ?
C’est une discipline scientifique qui mixe les questions d’ordres écologiques avec la question du son. On traite notamment des problématiques de suivi de la biodiversité par l’écoute et l’analyse sonore. On produit des analyses scientifiques objectives, quantitatives à l’aide d’outil d’écoute automatisé. C’est une discipline assez récente, définie de manière scientifique en 2014.
Qu’est-ce que le bruit ?
Pour définir le brut, il existe une multitude de définitions possibles. Une d’entre elles, c’est que c’est un phénomène qui va perturber les systèmes de communication, biologiques ou écologiques, c’est une forme de pollution. L’utilisation du terme «nuisance» au lieu de «pollution» un euphémisme qui donne l’idée d’une perturbation tout à fait supportable et sans effet profond. Alors que dès que l’on parle de pollution sonore, on pense à un agent toxique qui impacte la vie humaine et les écosystèmes.
Quelles peuvent être les conséquences de la pollution sonore sur la santé ?
Les effets de la pollution sonore sur la santé humaine ont été prouvés dans les années 50, en ce qui concerne celle des animaux ça remonte aux années 80. Il existe beaucoup d’expériences sur les animaux qui produisent du son, comme les oiseaux. Le son entraîne chez les animaux des bouleversements de leur environnement, en créant du stress, des perturbations du sommeil, de l’attention ainsi que des maladies. On peut parler d’effets indirects, qui vont affecter le comportement, la physiologie, les méthodes de communication et de déplacement des espèces. C’est de l’énergie qui est dépensée en trop.
Existe-t-il une inégalité sur les sujets de la pollution sonore ?
En effet, il y a un déséquilibre social, on n’est pas tous égaux face au bruit. Les milieux privilégiés vont être plus éloignés des sources de bruit. En tout cas, ils auront le choix des lieux où ils vont vivre ou travailler, la possibilité leur est donc toujours offerte de choisir des lieux plus calmes.