Jeunesse, transports, logement, biodiversité… En 2025, Libé explore la thématique de la transition écologique lors d’une série de rendez-vous gratuits et grand public. Objectif : trouver des solutions au plus près du quotidien des citoyens. Dernière étape de notre édition 2025 : Marseille, les 10 et 11 octobre.
J’ai 27 ans et la lutte contre le réchauffement climatique est pour moi un sujet majeur. D’ailleurs, malgré les backlashs et les reculs, la prise de conscience des Français et surtout des jeunes Français ne cesse de progresser. En avril, l’Ifop révélait qu’un tiers des Français (34%) estiment que le dérèglement climatique constitue un danger quasi-immédiat et qu’il est désormais presque trop tard pour inverser la tendance. Cette perception progresse de 11 points par rapport à 2005. Dans ces Français, beaucoup sont de droite. Et beaucoup sont jeunes, exposés comme le reste de la population aux ravages du réchauffement climatique (inondations, pics de chaleur, glissements de terrain…) et à l’éco-anxiété produite face à ces changements majeurs dans nos modes de vie.
Pourtant à droite, ce sujet dérange. L’éternel tabou à éviter. Il a toujours été difficile pour les responsables de droite de l’appréhender, avec la peur de tomber dans un discours «de gauche», hostile au progrès et au développement économique à l’instar de Nicolas Sarkozy et de son fameux «l’environnement, ça commence à bien faire» prononcé en 2010 face aux agriculteurs lors du salon de l’Agriculture. Sans réfléchir à une véritable doctrine, les gouvernants UDR, RPR, UMP et LR appliquent depuis des décennies ce qu’ils appellent «une écologie du bon sens». Ces politiques environnementales sont avant tout des politiques d’opportunité dans des moments où l’opinion publique ressent le besoin d’avoir des avancées sur ces sujets.
En fait, la droite est un peu le Monsieur Jourdain de l’écologie : elle en fait parfois mais ne le dit pas (trop fort). Ce constat est particulièrement vrai à l’échelle locale. A la tête du think tank Ecologie responsable, je réalise ainsi un tour de France pour valoriser les avancées écologiques locales de la droite. Il y a quelques jours, j’étais dans l’Indre-et-Loire et je discutais avec un élu d’un petit village. Méfiant par rapport à tout ce qui pourrait s’apparenter au vocabulaire écologique, il en vient à m’expliquer au bout d’une heure de discussion que dans sa commune, il plante un arbre à la naissance de chaque enfant. En prime, ces feuillus portent les noms desdits enfants pour «créer un lien». Et ces exemples sont multiples.
Le problème n’est donc pas l’écologie mais plutôt le fait de ne pas avoir de doctrine sous-jacente à droite. La peur de «faire un cadeau à la gauche» en parlant de ce sujet plutôt que de se retrousser les manches pour penser notre corpus idéologique. En étant lucide face aux réalités de notre pays. Une politique qui propose de l’adaptation et de l’atténuation.
Cet arsenal doctrinal pourrait reposer sur deux piliers : l’ancrage territorial et l’innovation. Ce serait ainsi l’occasion de parler des territoires de manière non abstraite et d’expliquer qu’il s’agit de lieux de vie avec de réels besoins et de souligner la précarité des agriculteurs ou la difficulté de se déplacer dans une «diagonale du vide» toujours plus éloignée des métropoles.
Face à ces problèmes, il est nécessaire de lier fin du monde et fin de mois en apportant des solutions positives et réalisables comme l’accroissement de bus propres en ruralité. En outre, l’écologie peut être aussi une source de conquête électorale, pour des candidats de droite qui vivent dans des centres urbains qui votent désormais à gauche (Paris, Marseille, Grenoble, Strasbourg…) .
L’autre pilier d’une écologie de droite serait l’innovation. L’écologie qui est la manière d’aborder nos relations avec notre environnement, doit être appréhendée sous l’angle du progrès. Ainsi, il faut faire confiance au génie français qui peut décupler nos capacités écologiques tout particulièrement via le développement de l’hydrogène afin d’obtenir des coûts bas de production et des sources décarbonées. Une voix sur l’écologie à droite est à construire, c’est un beau chantier. Que nous devons porter avec exigence.