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Place à Demain: initiative

«D’abord on met une paire de gants, ensuite on va affronter la vie» : Action boxe, un club pour reprendre confiance

Place à Demaindossier
A Hem, l’association sportive nordiste, fondée par un ancien sportif de haut niveau, mène des actions d’insertion et de remobilisation dont le «noble art» est le point de départ.
Mahieddine Hadjamar, un des coachs de Action Boxe à Hem. (Hakim Taleb/Action Boxe)
par Clémence de Blasi
publié le 8 janvier 2024 à 13h21
Les 26 et 27 janvier 2024, Libération coconstruit avec les moins de 30 ans Place à demain. Un événement dédié à l’écoute de la jeunesse et ouvert aux débats entre toutes les générations. Une soirée et une journée de rencontres gratuites, au Théâtre du Nord et en partenariat avec la Métropole européenne de Lille, le Théâtre du Nord, la CCI Grand Lille Hauts-de-France, l’université de Lille, la Voix du Nord et BFM Grand Lille. Entrée libre sur inscription.

«Ça mène à tout, la boxe, c’est ça qui est magnifique», s’enthousiasme Daouda Sow. Le jeune quadragénaire, né à Roubaix (Nord), a grandi à Hem, une commune voisine. A 15 ans, il traîne dans la rue avec des copains quand il va faire «la rencontre qui change tout» : celle d’un entraîneur de boxe qui propose de les initier. Dix ans plus tard, en 2008, le jeune Nordiste participe aux Jeux olympiques de Pékin. Il en revient médaillé d’argent en boxe anglaise ; une salle d’entraînement, construite et inaugurée à Hem peu de temps après, porte aujourd’hui son nom. «La classe : 250 mètres carrés, deux rings, un coin muscu, un sauna», s’enorgueillit le champion.

C’est là qu’habitants et adhérents de son association créée en 2012, Action boxe, s’entraînent au «noble art» chaque semaine, mais pas seulement. «La boxe c’est mon prétexte, mon outil», confie l’ancien sportif de haut niveau. Le point de départ d’actions éducatives et sociales bien plus larges. «Au-delà des pures capacités physiques, il y a un autre enjeu : prendre confiance en soi et en ses capacités», énonce-t-il doctement, barbe épaisse bien taillée, lunettes à monture noire sur le nez.

«Déconstruire les croyances limitantes»

Avec son public adolescent, Daouda Sow entame un travail de fond pour «les impliquer et leur faire comprendre ce qu’est la vie, ce qu’ils sont et ce qu’ils veulent faire», déroule Daouda Sow, aujourd’hui coach sportif diplômé d’Etat.

Mahieddine Hadj Amar, 31 ans, a connu l’association dès sa création. «Sans Action boxe, je ne serais jamais sorti du quartier, n’hésite-t-il pas à affirmer. Je n’avais pas trop de situation : je n’allais plus à l’école, je ne travaillais pas. A force de s’entraîner ensemble et de parler, Daouda m’a dirigé vers la mission locale de Hem avec laquelle il avait créé des liens. J’ai commencé à chercher du travail, à m’intéresser aux choses, à faire des petits boulots.»

Le vice-champion l’accompagne dans ses démarches, jusqu’à l’obtention de son diplôme d’éducateur sportif : tous deux travaillent ensemble désormais. Une façon de rendre la monnaie, d’offrir des chances à d’autres. «D’abord on met une paire de gants, ensuite on va affronter la vie, s’amuse Daouda Sow. Ce qu’il faut, c’est déconstruire les croyances limitantes.»

Des activités adaptées à différents publics

Le boxeur, auteur d’une autobiographie, la Médaille du cœur (avec Joffrey Vanhollemeersch, éditions Première partie, 2022), s’est entouré d’une petite équipe de coachs avec qui il conçoit et encadre des activités adaptées à différents publics. Comme ce programme pour les femmes auquel Nora Raho, 47 ans, a participé. Au programme : de la boxe, mais aussi du bien-être (jacuzzi, relooking, shooting photo et sorties en ville). «Des choses que je n’aurais jamais pensé à faire en temps normal, raconte l’ancienne aide-soignante, sans profession depuis plusieurs années. En arrêtant de travailler je me suis retrouvée seule, sans plus aucune confiance en moi. Au-delà du sport, c’est fou ce que le groupe a pu m’apporter !» Sur le visage de Daouda Sow, un sourire de fierté s’épanouit. «Impossible n’est rien, comme disait Mohamed Ali.»