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Climat Libé Tour

«Dans le profil des femmes leaders du combat climatique, je ne me reconnais pas, il n’y a pas de femmes racisées»

De plus en plus de femmes s’érigent en figures de lutte contre le changement climatique. Mais au deuxième jour du Climat Libé Tour ce samedi 30 mars, une discussion a mis en avant la double peine des femmes racisées dans ce combat : premières concernées, mais invisibilisées.
Souba Brunel, au Climat Libé tour à Paris, à Paris. (Cyril Zannettacci/Vu pour Libération)
publié le 30 mars 2024 à 17h51

Au-delà de Greta Thunberg, la lutte contre le dérèglement climatique s’incarne de plus en plus à travers des visages féminins. En France, Camille Etienne s’impose, elle, comme la porte-voix des questions écologiques. Lors de la deuxième journée du Climat Libé Tour à Paris ce samedi 30 mars, toutes les interlocutrices du débat sur les «femmes aux commandes» se sont félicitées de la féminisation de cette lutte. «La crise écologique affecte en premier lieu les personnes les plus vulnérables, et les femmes font partie de cette population vulnérable. C’est donc logique qu’elles se mobilisent», se réjouit Yamina Saheb, docteure en énergétique.

Souba Brunel, activiste pour le climat et cofondatrice des Impactrices, association qui entend porter la voix des femmes pour la transition environnementale, confirme : «Les femmes sont les plus impactées par le réchauffement climatique. Elles ont jusqu’à 14 fois de risques en plus de mourir de [ses] conséquences, si on compare aux hommes, avance-t-elle. Forcément, elles sont le plus amenées à agir.» Et ajoute : «L’épicentre du mouvement climat se trouve logiquement dans les pays du Sud», région en première ligne face aux conséquences du dérèglement climatique.

«Nous, femmes racisées, on doit encore attendre avant d’avoir enfin la lumière sur nous»

Or, à l’intérieur de ce mouvement porté par des figures féminines, «il y a une grande contradiction», estime Loup Espargilière, rédacteur en chef de Vert, le média, en charge de l’animation de la rencontre. Les femmes racisées, les plus touchées par le réchauffement climatique, voient leurs luttes invisibilisées.

Selon Souba Brunel, «des femmes» sont bien aux commandes du combat contre le dérèglement climatique. Mais pas toutes. «La plupart des gens ne sont pas prêts à entendre des voix comme la mienne parler climat», assène la jeune femme d’origine indienne. «Nous, femmes racisées, on doit encore attendre avant d’avoir enfin la lumière sur nous», se désole-t-elle.Sa peau n’est pas blanche, au contraire de «tous ceux qui portent les questions du défi climatique aujourd’hui».

A sa droite, Sandrine Rousseau confirme : «Il n’y aura pas de transition écologique sans remise à plat de nos discriminations et de nos rapports sociaux». Micro en main, Yamina Saheb lance à pleine voix : «On doit enfin prendre le pouvoir !»

Sous des applaudissements nourris, Souba Brunel reprend la parole : «Il faut une nouvelle diversité de voix dans le mouvement climat. Parce qu’aujourd’hui, ce sont toujours le même profil de personnes qui portent ces questions : des personnes blanches issues des catégories aisées. Dans le profil des femmes leaders du combat climatique, je ne me vois pas. Je ne me reconnais pas. Il n’y a pas de femmes racisées.»