Il y a quelques semaines, dans sa déclaration de politique générale, Michel Barnier a évoqué l’organisation d’une «journée de consultation au niveau local». Cette piste s’ajoute aux nombreuses propositions qui circulent dans le débat public pour revitaliser la démocratie et renforcer le rôle des élus locaux.
Le peu de détail concret sur cette proposition et le manque de suivi restent néanmoins symptomatiques de la façon dont les questions démocratiques sont le plus souvent traitées : en urgence, en réponse à une crise, puis mises de côté. Elles ont été largement réduites ces dernières années au seul registre de la «citoyenneté». Or, il s’agit de politique au sens le plus large, de la détermination des modes de décision et du partage du pouvoir.
De ce point de vue, la démocratie locale est le bon échelon pour commencer ce travail de refonte vers un modèle plus délibératif. De nombreuses collectivités se sont transformées en laboratoires, les élus prenant les devants : budgets participatifs, consultations locales, votations… sont autant de dispositifs qui voient le jour et qui contribuent à installer progressivement une nouvelle culture de la participation, autant de dispositifs qui permettent de faire évoluer l’engagement politique local, en perte de vitesse et qui subit également la défiance.
Au-delà des chiffres qui peuvent paraître dérisoires quand on regarde le nombre de participants par exemple, les bénéfices sont notables. L’expérience montre que la délibération peut recréer des liens précieux entre citoyens et élus, tout en redonnant goût à l’engagement. Une étude menée en Haute-Garonne illustre bien cet incroyable potentiel : 90 % des membres d’une assemblée citoyenne estiment que leur expérience a changé leur vie et leur rapport à la politique. On retrouve la même dynamique dans les conventions citoyennes. Toutefois, ces initiatives restent fragiles, souvent portées par la volonté de quelques élus de faire de la politique autrement, ou bien malmenées politiquement à l’image de la Convention citoyenne sur le climat qui a fait date par la qualité du processus tranchant avec la pauvreté de sa transposition législative.
Pourtant, à l’heure où nos modèles démocratiques sont bousculés et mis en cause, et où l’état des finances publiques entraînent des arbitrages aux conséquences bien réelles, il serait utile de considérer sérieusement la participation des citoyens aux décisions qui les concernent, partout où ces dernières sont prises. Prenons alors comme inspiration le niveau local où la participation citoyenne est suivie d’effets. La garantie du lien à la décision est la condition première de tous les projets sur le renouveau démocratique.