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Critique

«Demain la montagne» pour écrire un avenir aux cimes

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L’ouvrage de Sandy Plas et Mathias Virilli liste 101 initiatives de transition afin de «bâtir un modèle différent».
Randonnée de groupe dans le massif du Puigmal, dans les Pyrénées, en janvier 2021. (Jean-Christophe Milhet/Hans Lucas)
publié le 26 novembre 2022 à 4h59

«Demain la montagne» est un vaste programme. Et un joli condensé de ce qu’il faudrait mettre en œuvre pour, dit autrement, «écrire la montagne de demain». «Dans leur diversité, détaillent les auteurs, Sandy Plas et Mathias Virilli, ces initiatives de transition ont en commun de vouloir regarder le futur pour bâtir un modèle différent.»

Tout le monde sait que les glaciers fondent et que les alpages sont confrontés à la sécheresse, que les éboulements sont légion. Alors, il faut agir. Une «improvisation territoriale», menée par des individus, des collectifs, des élus… se met en place. Et cela donne cette belle série d’initiatives que détaille l’ouvrage.

Ainsi à Servoz, au pied du Mont-Blanc, des couturières spécialisées réparent vêtements et sacs à dos pour leur donner une deuxième chance, et éviter le gaspillage. Dans le Jura, une agricultrice fabrique des glaces avec le lait de ses vaches : circuit ultracourt. Les exemples ne manquent pas, répertoriés par les auteurs, comme à Villard-de-Lans, dans le Vercors. «Je me suis dit qu’il serait intéressant de réchauffer les lits froids avec des résidences artistiques», explique Agathe Chion, à propos de l’association Villa Glovette. En contrepartie, les artistes donnent de leur temps auprès du public scolaire en développant des ateliers. A Barcelonnette, l’ancien quartier militaire du 11e BCA est devenu, grâce à un médecin, Pierre Maillard, une maison de santé de 800 mètres carrés avec médecins, kinés, orthophonistes…

Dameuses à hydrogène

D’autres innovent encore. Les Petits Montagnards louent des tenues de ski pour enfants. Prise de conscience, mais aussi engagement : «Si on veut faire de l’argent, on ne se lance pas dans la location, c’est beaucoup plus de soucis que la vente, tranche Pierre-Gilles, un des concepteurs de l’initiative. Tout le monde n’a pas besoin de posséder le matériel, l’idée est de mutualiser pour que chaque personne consomme en fonction de son usage réel.» On notera encore un maraîcher sur les crêtes du Jura, un libre-service à la ferme pour commercialiser ses légumes en Ariège, la culture des céréales dans le Trièves (Isère), à mille mètres d’altitude, pour produire du whisky du terroir – primé meilleur spiritueux en 2022 par la Revue des Vins de France – les bonnes idées ne font pas défaut à ceux qui veulent changer la donne.

Dans cette liste à la Prévert, il ne faudrait pas omettre les dameuses à hydrogène qui poussent à la neutralité carbone, ou encore les constructions en bois du groupe Maulin ski, au Corbier, en Savoie, qui présentent un intérêt non négligeable «en termes de coûts et d’émissions de gaz à effet de serre». Et pour conclure en poésie, voici la station de ski de Puigmal, dans les Pyrénées-Orientales, fermée en 2013 après trois hivers sans neige. Ski de rando, circuits de raquettes balisées, itinéraires de trail et VTT, le village a retrouvé une activité la saison passée, et les remontées sont reparties. Quand la neige est revenue. De quoi retrouver, disons, un certain espoir…

Demain la montagne, de Mathias Virilli et Sandy Plas, Ed. Glénat, 168 pp., 25,95 euros.