Culture, éducation, justice, information, sciences… Syndeac, le syndicat national des entreprises artistiques et culturelles, organise en 2025 une série de débats pour souligner le rôle et l’importance des services publics dans la société. Une série d’événements dont Libération est partenaire. Prochain débat, «Le pouvoir des mots», le 24 septembre à Sault.
Plus inquiétant que la dégradation de la notation financière de la France par les cabinets financiers est le déficit d’investissements dans nos services publics, au regard de l’accroissement de cette dette publique.
Comment est-il possible d’avoir augmenté à ce point le poids de la dette sans qu’aucun plan d’investissement massif dans l’éducation, la santé, la culture, la justice sociale n’ait été mis en œuvre durant ces dernières années ?
Comment est-il possible d’accroître ce taux d’endettement sans avoir mis en place une politique renforcée d’accès aux services publics pour toutes et tous, ni même sans bénéfice direct sur les fiches de paie des travailleurs ?
Où va l’argent ? Pas vers les collectivités territoriales, auxquelles les budgets 2 025 et 2 026 demandent de se serrer la ceinture. Pas vers la recherche, l’école, la culture, la santé, dont les acteurs principaux sont invités sans cesse à inventer de nouveaux modèles économiques pour soutenir leurs actions.
Plus inquiétant encore est le discours d’une partie de l’échiquier politique qui consiste à expliquer que cette dette serait précisément le résultat d’une politique publique trop coûteuse et trop peu efficiente. La responsabilité de la dette ? Elle serait à chercher du côté de l’administration, de son millefeuille de dispositifs, de strates et d’agences. Il faudrait, pour sauvegarder l’avantageuse défiscalisation des plus grandes fortunes — et donc pour maintenir à flot la chimérique théorie du ruissellement —, réduire drastiquement les charges de l’État et renvoyer les individus à leurs capacités propres à financer leurs soins, leur accès à l’éducation et à la culture.
Ce faisant, l’Etat abandonne ses principes fondateurs, ceux qui font de lui le garant de l’égalité et de la fraternité. En renvoyant, d’une part, les services publics à leurs capacités à diversifier leurs financements, et d’autre part, les usagers à leurs capacités à s’offrir ces services, il accentue la brèche des inégalités et compromet l’indépendance de ses services publics.
Davantage soumises aux financements privés, la recherche, la culture ou la presse voient — et verront toujours plus — leurs contenus orientés en fonction des intérêts de ces financeurs. La perte d’indépendance des médias est déjà fortement préoccupante. Les holdings placés entre les mains de quelques puissants investisseurs accroissent considérablement l’influence sur l’opinion des discours populistes. C’est ainsi que certains médias favorisent des effets de propagande, tels, par exemple, le slogan nauséabond «C’est Nicolas qui paie», qui, à lui seul, résume tout.
Il imprime l’idée selon laquelle les «bons» Français seraient les vaches à lait des «mauvais» Français. Les «bons» perdraient en qualité de vie à cause des «mauvais» et de «l’assistanat». Cette expression, non seulement explicitement raciste, a comme objectifs principaux de semer la division, de légitimer l’idée qu’on ne devrait payer que pour soi et de faire s’effondrer tous les principes de solidarité qui sont le socle de notre modèle de société. Cette expression traduit la volonté bien plus large d’en finir avec un modèle où l’impôt, justement évalué en fonction des ressources de chacun, financerait une politique au service d’une société garantissant la Liberté, l’Egalité et la Fraternité.
Face à l’ampleur de ce mouvement réactionnaire et face à la dégradation organisée des conditions d’accès aux services publics, le Syndeac (premier syndicat des entreprises artistiques et culturelles) considère comme essentiel de mener une série de débats en France pour lutter, à sa mesure, contre cette entreprise de déstabilisation des fondements de la République. La culture est par essence transsectorielle. Nos adhérents travaillent au quotidien avec l’ensemble des autres services publics : l’Education nationale, la santé, la justice, les politiques de la ville, la recherche.